Dans le cadre de son congrès qui se tient actuellement à Marseille, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dévoilé une mise à jour de sa Liste rouge des espèces menacées. Un inventaire qui comprend aussi quelques bonnes nouvelles pour les animaux.
Plus de 38.500. C’est le nombre d’espèces menacées qui figurent actuellement sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Parmi elles, près de 15.000 sont considérées “en danger” et pas moins de 8.400 “en danger critique d’extinction”. Des données qui livrent un tableau préoccupant de la situation de la biodiversité à travers le monde.
Mais la Liste rouge de l’UICN dont une mise à jour a récemment été dévoilée à Marseille, ne comporte pas que des mauvaises nouvelles. Ces dernières années, elle a aussi annoncé des améliorations pour certaines espèces. Signe que les efforts de conservation parviennent à porter leurs fruits à certains endroits. Voici six exemples de bonne nouvelle pour la biodiversité mondiale.
1 – Quatre espèces de thon en voie de rétablissement
La dernière mise à jour de la liste rouge a permis de réévaluer la situation des sept espèces de thon les plus pêchées commercialement. Et quatre d’entre elles ont montré des signes de récupération, selon l’UICN. C’est le cas du thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus), du thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii), du thon blanc (Thunnus alalunga) et du thon albacore (Thunnus albacares). Le premier est passé de la catégorie “en danger” à celle de “préoccupation mineure”, le deuxième de la catégorie “en danger critique” à “en danger” et les deux derniers de “quasi menacés” à “préoccupation mineure”. L’institution a attribué ces progrès à la mise en place de quotas de pêche plus durables et une lutte plus efficace contre la pêche illégale dans certains pays. Elle a néanmoins souligné qu’il s’agissait d’une amélioration globale à l’échelle des espèces et que les populations de certaines régions demeuraient encore gravement appauvries.
2 – La population de bisons augmente en Europe
Autre bénéficiaire des efforts de conservation : le bison d’Europe (Bison bonasus). Alors que l’espèce figurait depuis de nombreuses années dans la catégorie “vulnérable”, elle est désormais considérée comme “quasi menacée” depuis la mise à jour de la liste rouge de décembre 2020. D’après les données, la population qui était estimée à environ 1.800 individus en 2003, s’élevait à plus de 6.200 en 2019. Les plus grandes sous-populations se trouvent aujourd’hui en Pologne, en Biélorussie et en Russie pour un total de 47 troupeaux en liberté répertoriés en Europe. L’UICN a cependant relevé que les troupeaux demeurent encore isolés et parfois confinés à “des habitats forestiers non optimaux“. Par ailleurs, seulement huit d’entre eux sont assez grands pour être jugés génétiquement viables à long terme.
3 – Une lueur d’espoir pour le rhinocéros noir
Le rhinocéros noir (Diceros bicornis) est aujourd’hui classée “en danger critique d’extinction” sur la Liste rouge de l’UICN. Mais les chiffres laissent entrevoir depuis quelques années une lueur d’espoir. Entre 2012 et 2018, la population est passée de 4.845 à 5.630 individus dans la nature avec une hausse annuelle de 2,5%. Ce taux demeure modeste mais les modèles de population prédisent une nouvelle augmentation lente au cours des cinq prochaines années, d’après la mise à jour publiée en mars 2020. Le fruit, là encore, des nombreuses mesures mises en place pour lutter contre le braconnage et le commerce de leurs précieuses cornes. Sur les trois sous-espèces survivantes, le rhinocéros noir du sud-ouest (D. b. bicornis) est pour le moment la seule à avoir vu son statut être rétrogradé. Elle est à présent classée comme “quasi menacée”.
4 – Des améliorations pour une dizaine d’espèces d’oiseaux
Au cours des dernières mises à jour, une dizaine d’espèces d’oiseaux ont montré de nettes améliorations de leur situation. C’est notamment le cas du grèbe de Taczanowski (Podiceps taczanowskii) et de deux colibris, l’érione à robe noire (Eriocnemis nigrivestis) et l’inca de Wetmore (Coeligena orina) endémiques du Pérou, de l’Equateur et de Colombie respectivement. Les trois sont passés du statut “en danger critique d’extinction” à “en danger”. Autres exemples : la chevêchette nimbée (Xenoglaux loweryi) et la conure à joues d’or (Ognorhynchus icterotis), tous deux passés de “en danger” à “vulnérable” grâce à des mesures de conservation et un étroit suivi des populations. Parmi les améliorations, figure également le râle de Guam (Hypotaenidia owstoni), un oiseau endémique de l’île du même nom dans le Pacifique dont le dernier spécimen sauvage a été tué en 1987. Grâce à un programme d’élevage en captivité et de réintroduction, il est désormais établi sur l’île voisine des Cocos et a quitté le statut “éteint dans la nature” pour passer à “en danger critique d’extinction”. Enfin, dernier exemple, celui de la perruche de l’Île Maurice (Psittacula eques) dont la situation était également critique il y a quinze ans. Avec plus de 750 individus à l’état sauvage, elle est désormais considérée comme “vulnérable”.
5 – Le rorqual commun aussi en voie de récupération
Retour dans les océans avec une autre espèce qui a bénéficié des actions de protection : le rorqual commun (Balaenoptera physalus). Autrefois “en danger”, le cétacé a depuis 2018 rejoint les espèces “vulnérables” grâce à une population multipliée quasiment par deux depuis les années 1970, totalisant quelque 100.000 individus matures. Cette augmentation fait suite aux interdictions internationales de chasse commerciale à la baleine dans le Pacifique Nord et dans l’hémisphère Sud qui ont permis de protéger l’espèce sur l’ensemble de son aire de répartition.
6 – Le gorille des montagnes va (un peu) mieux
Malgré une situation globale préoccupante, les grands singes aussi ont droit à quelques bonnes nouvelles. En 2018, l’UICN a réévalué le statut du gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei), le faisant passer de “en danger critique” à “en danger”. Alors que les populations de n’étaient estimées qu’à environ 680 individus en 2008, les dernières estimations ont montré qu’elles sont passées à plus de 1.000 individus. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré pour cette sous-espèce du gorille de l’Est. Cette croissance est attribuée aux actions mises en place in situ dont les patrouilles anti-braconnage, l’élimination des pièges et les interventions vétérinaires. L’espèce Gorilla beringei reste en revanche “en danger critique”.
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