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COP27 : POUR LES SCIENTIFIQUES, L’OBJECTIF 1,5°C EST HORS DE PORTÉE

COP27 : POUR LES SCIENTIFIQUES, L’OBJECTIF 1,5°C EST HORS DE PORTÉE

Alors que la première semaine à la COP27 s’achève, la nouvelle édition du Global Carbon Project, publiée ce vendredi 11 novembre, ne montre aucune évolution significative en matière de réduction des émissions carbone au niveau mondial, avec encore des niveaux records prévus pour 2022. Si bien que l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C semble bel et bien enterré. 

C’est une étude de plus qui vient étayer la thèse que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, introduit dans l’Accord de Paris en 2015, est inatteignable. Selon la nouvelle édition du Global Carbon Project, publiée ce vendredi 11 novembre, “si les niveaux d’émissions actuels persistent, il y a désormais 50% de chance que le réchauffement planétaire de 1,5°C soit dépassé dans neuf ans”. Et cela semble bien être la trajectoire que nous suivons, puisque selon ces travaux, les projections pour 2022 montrent que les émissions mondiales de CO2 restent à des niveaux records, sans aucun signe de diminution.

“Cette année, nous assistons à une nouvelle hausse des émissions mondiales de CO2 fossile, alors que nous avons besoin d’une baisse rapide”, explique Philippe Ciais du LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement), qui a contribué à l’étude. “Je suis très inquiet car avec un réchauffement qui est aujourd’hui de +1,1°C, nous subissons déjà les impacts du changement climatique avec un niveau d’intensité qui a surpris tout le monde et jusqu’aux climatologues eux-mêmes”, a déclaré le chercheur lors d’une conférence de presse.

“L’objectif 1,5°C est mort”

Cet objectif de limiter la température à 1,5°C a été introduit dans l’Accord de Paris de 2015 pour répondre aux inquiétudes des petits États insulaires. C’est devenu au fil des années l’objectif central de l’action climatique, en raison notamment de l’intense plaidoyer des ONG. Mais selon François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et membre du Giec*, il faut revenir sur cet objectif “illusoire” et plaider pour un objectif “plus réaliste” de 2°C.

En amont de la COP27, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a quant à lui déclaré que l’objectif de 1,5°C était “en réanimation”. Dans le même temps, plus d’un millier de scientifiques affirmaient sans détour que “l’objectif 1,5°C était mort”. “Il n’existe pas de trajectoire crédible pour atteindre 1,5°C et il est urgent de le dire clairement au monde”, écrivaient-ils dans une lettre ouverte publiée par le collectif Scientist Rebellion, qui mène depuis mi-octobre des actions de désobéissance civile quotidienne en Allemagne.

L’Organisation météorologique mondiale, dans un rapport publié en début de semaine, estime quant à elle que les huit dernières années (2015-2022) sont en passe de devenir les huit plus chaudes jamais enregistrées. Et que “les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont si élevées que le seuil de 1,5°C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée”, selon son secrétaire général, Petteri Taalas. Pour achever d’enterrer cet objectif, une étude publiée dans la revue Nature au printemps dernier indiquait également que nous pourrions dépasser la barre symbolique des 1,5°C dans moins de dix ans. 

“Le changement climatique est un problème graduel”

D’après plusieurs rapports publiés avant la COP27, corroborés par la nouvelle synthèse des engagements climatiques publiée par le Climate Action Tracker, jeudi 10 novembre, nous nous dirigeons vers un réchauffement de +2,4°C, en prenant en compte les contributions climatiques à 2030. Ce sont les mêmes chiffres que ceux publiés à la COP26 de Glasgow l’an dernier. “Il n’y a pas eu d’amélioration substantielle des engagements nets zéro existants depuis”, regrette le groupe de recherche. En prenant en compte les engagements à long-terme, la trajectoire se place à +2°C. Mais cela implique qu’ils soient bel et bien tenus.

Il n’est pas pour autant trop tard pour agir, assure François Gemenne. “Car le changement climatique n’est pas un problème binaire mais graduel. Ainsi chaque dixième de degré en plus va provoquer une énorme différence et être source de souffrance et de catastrophes supplémentaires à travers le monde. Aucune action contre le changement climatique n’est donc inutile”, rappelle-t-il.  

AFP/NVTC