La nature est résiliente si on lui en laisse le temps. Selon une étude publiée dans la revue Nature cette semaine, la vie marine pourrait être restaurée en l’espace d’une génération seulement. Pour cela, les pressions humaines doivent être réduites. Il faut notamment accélérer dans la lutte contre le changement climatique.
La vie marine, les populations, les habitats et les écosystèmes, peuvent être restaurés en seulement une génération. Cette excellente nouvelle a été publiée dans la très sérieuse revue Nature cette semaine. Selon les scientifiques qui ont abouti à cette conclusion, il faut pour cela que les pressions humaines, y compris celles liées au changement climatique, soient atténuées d’ici 2050.
“L’océan est gravement menacé par les activités humaines mais nous démontrons qu’il fait preuve d’une surprenante résilience lorsque les bonnes solutions sont mises en œuvre. Nous avons le choix de transmettre aux générations futures soit un océan fonctionnel plein de vie et de ressources, soit un océan irrémédiablement dysfonctionnel” explique Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et à Sorbonne Université, chercheur associé à l’Iddri et coauteur de cette étude.
Un retour sur investissement multiplié par 10
Les chercheurs estiment ainsi qu’entre 50 et 90 % de la vie marine pourraient être restaurés en l’espace de trente ans moyennant une série d’interventions telles que la protection des espèces, la pêche responsable, la restauration des habitats, la réduction de la pollution et l’atténuation du changement climatique. Les auteurs insistent sur le fait que la reconstitution de la vie marine ne sera possible qu’avec la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 et un maintien du réchauffement global sous la barre des 2°C d’ici 2100.
Or, sous l’effet du changement climatique, les océans deviennent à la fois plus chauds, plus acides, plus salés et moins riches en oxygène. Leur rôle d’absorbeur carbonique s’en trouve de plus en plus affecté, limitant leur action bénéfique et aggravant encore le bilan carbone mondial. La capacité du puits de carbone de l’océan austral est par exemple dix fois inférieure aux précédentes estimations. Depuis 1993, le réchauffement des océans a plus que doublé et leur concentration en oxygène a baissé de 2 % en 50 ans, avec des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins.
Préserver la vie océanique a également un intérêt économique. Les chercheurs estiment que pour chaque dollar investi, le retour est dix fois supérieur, en termes de pêche, d’écotourisme, de protection des rivages et de prévention des inondations. Dans son rapport “Global Futures”, publié en février, le WWF a calculé que le coût économique du déclin de la nature était de 479 milliards de dollars par an jusqu’en 2050, dont 327 milliards de dollars proviennent de la dégradation des zones côtières, due aux événements extrêmes et à l’élévation du niveau de la mer. Cela reviendrait à effacer les PIB cumulés du Royaume-Uni, de la France, de l’Inde et du Brésil.
NVTC
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