La Chine, les États-Unis et l’Inde concentrent les zones du monde où les dégâts économiques causés par le réchauffement climatique seront les plus élevés d’ici 2050. XDI, une société australienne, a établi un classement des régions les plus exposées aux risques physiques sur les bâtiments et les infrastructures. Des zones cruciales pour l’économie mondiale et pour les chaînes d’approvisionnement des entreprises se retrouvent en haut de la liste. L’adaptation de l’économie au réchauffement de la planète devient de plus en plus urgent.
Inondations fluviales, montées des eaux, incendies… que restera-t-il des principales régions économiques mondiales en 2050 ? Une étude réalisée par la société de conseil australienne XDI a classé plus de 2600 régions du monde en fonction de leur exposition aux risques physiques liés au changement climatique. À partir de modèles d’évolution du climat, croisés avec des données sur les constructions présentes dans ces régions, XDI a évalué les dommages que huit types d’évènement climatiques extrêmes (inondations, chaleur, gel, sécheresse, etc.) causeront aux infrastructures et aux bâtiments d’ici 2050. La Chine, les États-Unis et l’Inde concentrent la majorité des zones à risque, avec 80% des 50 territoires les plus exposés aux destructions.
Sur les 10 premiers, neuf sont chinois, à commencer par les provinces de Jiangsu, Shandong et Hebei situées à l’est du pays. Des États américains, comme la Floride, menacée par la montée des eaux et les ouragans, où la Californie régulièrement en proie à des incendies dévastateurs, se hissent également parmi les vingt premiers. Les premières zones à risque européenne se trouvent en Allemagne, l’État de Basse-Saxe se trouvant en 56ème position, suivi de la région Flamande en Belgique (64ème). La région des Hauts-de-France est le premier territoire français sur la liste, à la 121ème place.
Évaluer le risque physique du changement climatique
“Étant donné que les grandes constructions et infrastructures se trouvent là où les niveaux d’activité économique et de capitalisation sont les plus élevés, il est impératif que le risque physique du changement climatique soit compris et évalué financièrement“, déclare ainsi Rohan Hamden, PDG de XDI, dans un communiqué. Ce classement, en reliant les données économiques et climatiques, devrait se révéler particulièrement utile pour les décideurs tant publics que privés. Il permet de comparer le degré d’exposition au risque physique de chaque zone du monde et de prendre en conséquence des décisions d’implantation d’activité, ou d’adaptation de celles existantes.
“Les gens qui voudront implanter une usine ou une chaîne logistique dans ces États et provinces vont y réfléchir à deux fois“, prédit Karl Mallon, le directeur scientifique de XDI. Selon lui, la prise en compte du risque physique sur l’activité économique pourrait entraîner une fuite des capitaux de la part des investisseurs, qui se reporteront sur les zones moins risquées, ou encore une hausse des primes d’assurance dans les territoires du haut du classement.
D’autant qu’il ne faudra pas attendre 2050 pour que les événements climatiques extrêmes provoquent des dégâts dans ces zones économiques. La société australienne rappelle que les inondations dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine (4ème du classement) ont provoqué plus d’un milliard de dollars de pertes économiques en juin 2022. Aux États-Unis, l’ouragan Ian qui a frappé la Floride en septembre 2022, a engendré 67 milliards de dollars de pertes assurées.
Un impact sur les polices d’assurance
Des compagnies d’assurance, comme l’italienne Generali, commencent déjà à développer des outils permettant à leurs clients de connaître quels sont les principaux risques climatiques pesant sur leurs biens immobiliers. En France, des entreprises commencent à avoir du mal à assurer leurs activités, les conditions posées par les compagnies d’assurance se faisant plus drastiques. Des sociétés comme Bonduelle, Lactalis, Seb ont choisi de se tourner vers des solutions d’auto-assurance en créant des filiales dédiées.
En plus des solutions pour s’adapter à ces risques physiques, la réduction des émissions de gaz à effet de serre demeure aussi un enjeu crucial pour les territoires analysés. XDI a établi son classement en se basant sur le scénario de réchauffement climatique le plus pessimiste du Giec, le groupement d’experts sur le climat de l’ONU. Ce scénario, dans lequel les émissions mondiales ne baissent pas suffisamment, prévoit un réchauffement de plus de 3°C d’ici 2100.
AFP-NVTC