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COP28 : LES CINQ POINTS À RETENIR DU SOMMET CLIMATIQUE

COP28 : LES CINQ POINTS À RETENIR DU SOMMET CLIMATIQUE

Que retenir de la COP28 ? Outre l’appel à abandonner les énergies fossiles, le sommet de Dubaï a permis d’avancer sur les pertes et dommages, la prise en compte de l’agriculture ou encore les énergies renouvelables. Il a en revanche échoué à avancer sur les financements, l’adaptation ou encore les marchés carbone. 

1) La fin de l’ère des énergies fossiles

Pour la première fois de l’histoire des négociations climatiques, les énergies fossiles sont inscrites dans l’accord final. Jusqu’ici seule une réduction progressive du charbon avait été actée il y a deux ans à Glasgow. Cette fois les pays sont “appelés” à abandonner (transitioning away, en anglais) les énergies fossiles. C’est moins ambitieux que la sortie pure et simple que défendaient 130 pays en développement et développés. Mais plus ambitieux que la formulation proposée dans l’avant-dernière version du projet de texte qui mentionnait “une réduction de la consommation et la production de combustibles fossiles”. Si le texte précise que cet abandon doit se faire de façon “juste et ordonnée” et tenir compte “des situations nationales”, les pays en développement appellent à plus de précision et souhaitent que les pays les plus riches montrent la voie en sortant en premier des énergies fossiles. Un premier test aura lieu en 2025 au Brésil avec la révision des contributions nationales déterminées.

2) L’avènement des énergies renouvelables

Le pendant de cet abandon des énergies fossiles est l’essor des énergies renouvelables (ENR). L’accord de Dubaï acte ainsi le triplement des capacités d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici 2030, sans toutefois fixer d’objectifs chiffrés. En marge des négociations, une coalition de 123 pays s’est engagée à porter les capacités d’ENR à au moins 11 000 gigawatts d’ici 2030 et le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’environ 2% à plus de 4% chaque année jusqu’en 2030. À noter toutefois l’absence de deux géants, l’Inde et la Chine, pourtant très bien positionnés sur les énergies renouvelables, mais refroidis sur la place donnée au charbon dans la coalition. Celle-ci appelle notamment à ne plus investir dans de nouvelles centrales à charbon non adossées à des systèmes de captage et stockage de CO2. Une marche trop haute pour les deux pays…

3) Concrétisation du fonds pertes et dommages

C’était la surprise de l’ouverture de la COP : l’opérationnalisation du fonds pertes et dommages, dont la naissance avait été actée à la COP27, après trente ans de bataille de la part des pays du Sud. Les promesses de dons ont également affluées. Les Émirats arabes unis ont d’emblée promis 100 millions de dollars suivis d’autres engagements, de pays développés uniquement, pour un total d’environ 800 millions de dollars. “Il faudrait mille fois plus pour répondre aux besoins réels liés aux pertes et dommages. C’est l’autre grosse lacune en cette fin de COP : un manque flagrant de financements dans tous les domaines de la lutte climatique (transition énergétique, adaptation et pertes et dommages). Or, c’est le nerf de la guerre”, a réagi Fanny Petitbon, responsable plaidoyer et experte climat de l’ONG CARE France. Le texte sur l’adaptation a ainsi été très affaibli et la question globale des financements renvoyé à la COP29, qui se tiendra en Azerbaïdjan.      

4) L’agriculture enfin à la table des négos

Pour la première fois, l’alimentation et l’agriculture sont mentionnées dans l’accord final de la COP et une journée thématique a été organisée à Dubaï. Si les énergies fossiles sont responsables de la grande majorité des émissions de gaz à effet de serre, les systèmes alimentaires contribuent quant à eux à un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En marge des négociations, 158 pays ont signé la Déclaration alimentaire des Émirats et se sont engagés à prendre en compte les émissions de ce secteur dans leurs contributions nationales déterminées d’ici la COP30 au Brésil en 2025. Plus de 3 milliards de dollars de financement climatique ont également été promis et la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a publié pendant la COP sa feuille de route pour aligner le secteur sur l’objectif 1,5°C. Un premier exercice salué mais appelé à évoluer car il ne mentionne pas par exemple parmi les solutions la réduction de la consommation de viande et de produits laitiers dans les pays riches notamment et mise beaucoup sur des solutions technologiques.

5) Rejet du texte encadrant les marchés carbone

Cette fois encore, les pays n’ont pas réussi à s’entendre sur les règles permettant d’encadrer la création de marchés carbone sous l’égide de l’Onu (article 6 de l’Accord de Paris) car les options sur la table n’étaient pas assez ambitieuses. Cela concerne les échanges de crédits carbone entre États (article 6.2) et entre États et entreprises (article 6.4). “Les États-Unis et les pays du groupe LMDC (Like Minded-Group of Developing Countries, qui comprend la Chine, l’Inde, la Bolivie et les pays arabes, ndr) ont poussé pour vider le cadre de tout aspect contraignant”, explique à Novethic Judith Lachnitt, qui suit le dossier pour le Secours Catholique. La définition des activités d’absorption pouvant rentrer dans ces marchés carbone était également jugée trop large, ouvrant la porte à la géo-ingénierie, à la fertilisation des océans…

L’absence d’accord évite de reproduire les erreurs du marché volontaire du carbone et d’envoyer un mauvais signal aux entreprises et aux pays qui cherchent à contourner leurs responsabilités climatiques”, a également réagi Gilles Dufrasne, responsable politique des marchés mondiaux du carbone au sein de Carbon Market Watch. Plusieurs pays et acteurs du secteur privé misent sur ces marchés carbone et ont déjà conclu des accords préliminaires. La Suisse a signé un premier accord de ce type avec le Pérou en 2020, tandis que Singapour a signé un accord avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée pendant la COP28. La startup émiratie Blue Carbon vise également à échanger des crédits dans le cadre de ce mécanisme avec plusieurs pays d’Afrique et des Caraïbes.

NVTC