Des températures extrêmement douces pour un hiver, suivies d’épisodes neigeux brusques et intenses, des précipitations ininterrompues, des milliers de déplacés, l’année 2022 démarre de façon apocalyptique. Aux quatre coins du monde, il ne fait plus de doute que le changement climatique est bel et bien là.
Après des fêtes de fin d’année marquées par des températures particulièrement douces, la neige et le froid prennent désormais le relais. Dans le Colorado, à l’ouest des États-Unis, frappé depuis plusieurs années par une sécheresse exceptionnelle, des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs maisons en fin d’année, chassées par des flammes qui ont tout détruit en un temps record. Le lendemain, c’est la neige, tombée brutalement, qui a stoppé la catastrophe. “Des familles n’ont eu que quelques minutes pour mettre tout ce qu’elles pouvaient – leurs animaux, leurs enfants – dans la voiture et partir”, a déclaré le gouverneur de l’État Jared Polis lors d’une conférence de presse. Cela s’est produit “en un clin d’œil“.
Après un record de chaleur, l’Alaska fait face à un “Icemageddon”
Même scénario en Alaska, où un record de température a été enregistré pour décembre à 19,4°C. Quelques heures après, des pluies torrentielles se sont déversées dans l’intérieur des terres, un phénomène qui ne s’était pas produit depuis 1937. La température de l’air a ensuite chuté, provoquant la formation massive de glace, aussi dure que le ciment. Une situation apocalyptique surnommée “Icemageddon2021” par les autorités sur Twitter.
D’ordinaire, décembre est un mois sec et froid pour l’Alaska. “Ce type d’événements, une forte humidité et de l’air très chaud, est exactement [l’effet] attendu du réchauffement climatique“, pointe Rick Thoman, spécialiste du climat à l’université de l’Alaska. Dans l’Est américain, la capitale Washington s’est elle aussi réveillée sous un épais manteau neigeux en début de semaine entraînant coupures d’électricité, report de vote au Sénat, fermeture des écoles et des centres de dépistage du Covid-19 et bloquant le Air Force One sur le tarmac.
Une anomalie cohérente avec le changement climatique
En France, la dernière semaine de l’année, du 24 au 31 décembre, a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1947, selon Météo France. Une anomalie cohérente avec le changement climatique. “Les températures ont été pendant huit jours 5°C plus chaud que la normale, avec un indicateur thermique national (température moyenne à partir de 30 stations représentatives) de 10,7 °C entre le 24 et le 31 décembre. Cette fin d’année 2021 se place ainsi sur la première marche du podium, devant 2002 (10,5°C) et 2015 (9,8°C)”, précise l’établissement public.
Des records ont été battus à Nîmes avec 20,9°C enregistrés le 29 décembre, à Marseille avec 20,7°C relevés le 30 décembre ainsi que des nuits très douces comme à Perpignan avec 16,9 °C le 29 décembre. “Ces vagues de douceur en hiver sont le marqueur du changement climatique, c’est cohérent avec la raréfaction des vagues de froid, la dernière en France remontant à février 2012“, précise la climatologue Christine Berne. “On se sent comme dans le film Don’t Look Up (actuellement sur Netflix), frustrés de répéter sans être écoutés par les dirigeants mondiaux“, réagit le climatologue américain Peter Kalmus, dans une tribune au Guardian.
Ailleurs dans le monde, le Brésil a fait face à de fortes précipitations qui ont fait 63 000 personnes déplacées. En Malaisie, des milliers de personnes ont dû fuir face à l’aggravation des inondations provoquées par des pluies diluviennes alors que plus de 125 000 personnes ont déjà dû être déplacées depuis la mi-décembre. Une cinquantaine de personnes ont perdu la vie. Le pays subit chaque année des inondations pendant la saison des pluies, mais les autorités ont été surprises par les pluies ininterrompues qui ont commencé le 17 décembre, entraînant des crues et inondant les villes.
AFP
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