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ANTILLES ET PESTICIDE : LE CANCER DE LA PROSTATE LIÉ AU CHLORDÉCONE EST UNE MALADIE PROFESSIONNELLE

ANTILLES ET PESTICIDE : LE CANCER DE LA PROSTATE LIÉ AU CHLORDÉCONE EST UNE MALADIE PROFESSIONNELLE

Un décret, publié le 22 décembre, reconnaît que le cancer de la prostate lié au chlordécone, est une maladie professionnelle. C’est le résultat d’un long combat mené par les Antillais pour faire reconnaître leur préjudice sanitaire lié à l’usage massif de ce pesticide dont les bananeraies ont été aspergées pendant des dizaines d’années. Le décret ouvre la voie aux liens de causalité entre exposition aux pesticides et cancer dans le secteur agricole. Le début de la fin pour les pesticides les plus toxiques ?

Au printemps dernier les Antillais étaient massivement descendus dans la rue pour demander la fin de l’impunité dans le “scandale environnemental” du chlordecone qui a contaminé 90 % d’entre eux, selon Santé Publique France. Ils avaient par milliers déposé plainte en 2006 pour “mise en danger de la vie d’autrui par empoisonnement” dans le cadre d’une action collective auprès du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris qui n’a toujours pas abouti.

Mais depuis le 22 décembre, ils ont enfin obtenu le début d’une reconnaissance de leur préjudice, avec le décret qui fait du cancer de la prostate une maladie professionnelle. Le texte précise que cela concerne tous ceux qui en souffrent parce qu’ils ont accompli des travaux les exposant habituellement aux pesticides dans les conditions suivantes : “lors de la manipulation ou l’emploi de ces produits, par contact ou par inhalation“, “par contact avec les cultures, les surfaces, les animaux traités ou lors de l’entretien des machines destinées à l’application des pesticides“.

Le chlordécone est un POP (Polluant Organique Persistant) qui a été utilisé dans les bananeraies des Antilles jusqu’en 1993, alors que sa toxicité a été reconnue dans les années 60. Il a infiltré les sols pour des centaines d’années, polluant durablement eaux et productions agricoles ce qui expose encore aujourd’hui et pour longtemps les Antillais à un risque sanitaire majeur de cancer.

Une indemnité pour les agriculteurs concernés

Le décret du 22 décembre ouvre aux agriculteurs concernés un fonds créé en 2020 qui permet d’indemniser les personnes atteintes de maladies liées aux pesticides. Pour demander à bénéficier des indemnités qui pourraient varier entre 1000 et 19 000 euros par an, tous les exploitants ou salariés agricoles doivent remplir deux conditions : avoir travaillé pendant au moins dix ans au contact du chlordécone, et que moins de quarante ans se soient écoulés entre leur dernière exposition et le diagnostic de cancer de la prostate.

La forte proportion dans les Antilles de résistants à la vaccination et les tensions de l’automne sont en grande partie liée à l’absence de reconnaissance du préjudice sanitaire causé à toute une population par un pesticide sciemment utilisé malgré sa toxicité. Un décret suffira-t-il à inverser la tendance ? Il aura en tous cas une portée bien plus large que le seul fait d’établir un lien entre exposition au chlordécone et cancer de la prostate.

Il définit les conditions auxquelles l’usage d’un pesticide met en danger la santé des agriculteurs au point de pourvoir le qualifier de maladie professionnelle. C’est précieux dans un contexte où les agriculteurs qui se sont lancés dans ce combat juridique titanesque sont encore très rare. Paul François, l’agriculteur français est un de ceux-là. En 2020, après 13 ans de procédure, il a fini par gagner sa bataille juridique contre Monsanto pour “défaut d’information sur l’étiquette et non-respect du devoir de vigilance” sur l’herbicide Lasso qui l’a rendu gravement malade.

NVTC