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Suspense à la COP26 sur les questions de financement des plus pauvres

Suspense à la COP26 sur les questions de financement des plus pauvres

Les négociations à la COP26 butaient toujours samedi sur l’épineuse question de l’aide financière aux pays pauvres alors que le présidence britannique espère arracher dans la journée un accord pour freiner le réchauffement de la planète.

Après un sommet accueillant plus de 120 chefs d’Etat, des annonces en tout genre sur les forêts ou le méthane, et deux semaines de négociations serrées sur de nombreux sujets explosifs, la conférence sur le climat de Glasgow joue les prolongations. Au moins une journée de plus pour tenter de “garder vivant” l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, celui de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Vendredi soir, après la fin théorique de la conférence, la présidence britannique a donné rendez-vous à 08H00 (locales et GMT), après une nouvelle nuit de consultations, pour une troisième version du texte de la déclaration finale, espérant que le marteau pourrait tomber dans la journée de samedi. Mais à l’heure dite, aucun nouveau document n’avait été rendu public.

La deuxième version du texte publiée vendredi matin avait suscité des critiques de toutes parts.

Au coeur des tensions, l’enveloppe financière pour aider les pays les plus pauvres — les moins responsables du changement climatique mais en première ligne face à ses impacts– à réduire leurs émissions et à se préparer à affronter les conséquences dévastatrices du dérèglement climatique.

Les pays en développement ont notamment mis sur la table une proposition pour créer un mécanisme spécifique de prise en compte des “pertes et préjudices”, c’est-à-dire les dommages déjà causés par les impacts ravageurs des tempêtes, sécheresses et canicules qui se multiplient.

Et c’est précisément cette question qui bloque selon plusieurs observateurs.

“C’est le moment de suspense” de la conférence, a ainsi déclaré à l’AFP Alden Meyer, du think tank E3G. “Ceux qui sont sur la ligne de front ne sont pas ceux qui ont causé le problème et il est de notre responsabilité éthique de les aider face à un problème qu’ils n’ont pas causé”.

La proposition d’un dispositif spécifique “a été mise sur la table par la totalité du monde en développement”, grands pays émergents compris, a rappelé à l’AFP le représentant guinéen Amadou Sebory Touré, chef du groupe de négociation G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents).

Un canal de financement spécifique est nécessaire “pour répondre à nos besoins et aux pertes et préjudices infligés à nos populations et nos économies par le changement climatique” a-t-il insisté.

Vendredi, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait lancé à l’adresse des pays riches: “il faut mettre l’argent sur la table pour aider les pays en développement à faire les changements nécessaires(…) C’est ce qui doit se passer dans les heures qui viennent”.

– Responsabilités –

Mais selon plusieurs observateurs les pays riches, et notamment les Etats-Unis, font barrage à cette proposition. “Les Etats-Unis et l’UE bloquent cette proposition (…) Les pays riches bloquent le financement pour les pertes et préjudices à chaque étape depuis un certain temps”, dénonçait vendredi Gabriela Bucher, de l’ONG Oxfam.

L’UE a, selon des sources proches des négociations, une position plus ouverte, mais hésite sur l’idée d’un mécanisme spécifique.

Les discussions sont compliquées par la méfiance des pays pauvres, puisque les pays riches n’ont toujours pas tenu leur promesse faite en 2009 de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards par an.

Le Sud accuse aussi les pays développés de vouloir leur imposer de faire plus pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre alors qu’ils ne sont pas responsables du changement climatique.

Pour tenter de limiter le réchauffement, le texte provisoire de la présidence britannique appelle les Etats membres à relever leurs engagements de réduction d’émissions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022. Même si la possibilité d’aménagements pour “circonstances nationales particulières” a été ajoutée par rapport à la première version, provoquant des critiques des ONG sur la réelle ambition des pays à limiter la hausse des températures.

Malgré les nouveaux engagements à l’échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP, le monde se dirige toujours vers un réchauffement “catastrophique” de 2,7°C, selon l’ONU. Alors qu’un réchauffement de 1,1°C environ provoque déjà aujourd’hui une multiplication des catastrophes.

Autre question sensible au coeur des négociations, les énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète.

Alors que l’accord de Paris ne les mentionnait pas, le dernier projet de déclaration prévoit l’inclusion –adoucie par rapport à la première version– de la sortie de leur financement. Sans satisfaire personne.

© 2021 AFP