google.com, pub-1826772013052564, DIRECT, f08c47fec0942fa0
Téranga Nature

Retour sur l’année 2021 : « Nous sous-estimons ce virus à nos risques et périls »

Retour sur l’année 2021 : « Nous sous-estimons ce virus à nos risques et périls »

Malgré le développement quasi miraculeux de vaccins efficaces contre la Covid-19 en 2020, le virus a continué à se propager et à muter tout au long de l’année dernière, le manque de collaboration mondiale efficace étant en grande partie responsable de la prolongation de la pandémie. 

L’année 2021 a également vu le lancement d’un programme soutenu par l’ONU pour aider les pays en développement à protéger leurs populations contre le virus, et des mesures ont été prises pour se préparer aux futures crises sanitaires mondiales.

Mais en novembre, il est devenu clair qu’un variant de la Covid-19 à propagation rapide, nommé d’après la lettre grecque Omicron, était une source d’inquiétude, se propageant apparemment beaucoup plus rapidement que le variant Delta.

Mais si les craintes étaient compréhensibles, l’arrivée d’Omicron n’aurait pas dû être une surprise, étant donné les avertissements constants des Nations Unies selon lesquels de nouvelles mutations étaient inévitables, compte tenu de l’incapacité de la communauté internationale à garantir que tout le monde, et pas seulement les citoyens des pays riches, soit vacciné.

Lors d’une réunion avec des journalistes à la mi-décembre, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu qu’Omicron « se propageait à un rythme que nous n’avions jamais vu avec aucun autre variant antérieur… Nous avons certainement appris à présent que nous sous-estimons ce virus à nos risques et périls ».

Un échec moral catastrophique

En janvier, António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, déplorait déjà le phénomène autodestructeur du « nationalisme vaccinale », de nombreux pays ne voulant pas regarder au-delà de leurs propres frontières lorsqu’il s’agit d’inoculations.

La cheffe de l’OMS en Afrique, Dre Matshidiso Moeti a, quant à elle, condamné la « thésaurisation des vaccins » qui ne ferait que prolonger et retarder le redressement du continent : « Il est profondément injuste que les Africains les plus vulnérables soient contraints d’attendre les vaccins alors que les groupes à moindre risque des pays riches sont mis en sécurité ».

Dans le même temps, l’OMS a lancé un avertissement prophétique : plus il faut de temps pour enrayer la propagation de la Covid-19, plus le risque est grand de voir apparaître de nouveaux variants, plus résistants aux vaccins. Dr Tedros a décrit la distribution inégale des vaccins comme un « échec moral catastrophique », ajoutant que « le prix de cet échec sera payé en vies et en moyens de subsistance dans les pays les plus pauvres du monde ».

Au fil des mois, l’OMS a continué à faire passer le message. En juillet, avec l’émergence du variant Delta, qui est devenu la forme dominante de la Covid-19, et le triste bilan de quatre millions de décès attribués au virus (ce chiffre passant à cinq millions quatre mois plus tard), M. Tedros a imputé la responsabilité à un manque de production et de distribution équitables des vaccins.

COVAX : un effort mondial historique

Pour tenter de venir en aide aux plus vulnérables, l’OMS a lancé l’initiative COVAX, qui constitue l’effort mondial le plus rapide, le mieux coordonné et le plus fructueux de l’histoire pour lutter contre une maladie.

Financée par des pays riches et des donateurs privés, qui ont réuni plus de 2 milliards de dollars, l’initiative COVAX a été lancée dans les premiers mois de la pandémie, afin de s’assurer que les personnes vivant dans les pays les plus pauvres ne soient pas laissées pour compte, lors de la mise sur le marché de vaccins efficaces.

Le déploiement des vaccins dans les pays en développement via l’initiative COVAX a commencé par le Ghana et la Côte d’Ivoire en mars. Le Yémen, pays déchiré par la guerre et en proie à des difficultés financières, a reçu lui aussi son premier lot de vaccins en mars, un moment que les experts de la santé ont décrit comme un changement de donne dans la lutte contre la Covid-19. En avril, des lots de vaccins ont été envoyés à plus de 100 pays via le COVAX.

Toutefois, le problème de l’inégalité face aux vaccins est loin d’être résolu : selon l’OMS, à la date du 14 septembre 2021, plus de 5,7 milliards de doses de vaccins ont été administrées dans le monde, mais seules 2 % d’entre elles sont allées aux Africains.

Éducation, santé mentale, services de santé reproductive

En plus d’affecter directement la santé de millions de personnes dans le monde, la pandémie a eu de nombreuses répercussions, du traitement des maladies à l’éducation et à la santé mentale.

Le diagnostic et le traitement du cancer, par exemple, ont été gravement perturbés dans près de la moitié des pays ; plus d’un million de personnes n’ont pas pu bénéficier de soins essentiels contre la tuberculose ; les inégalités croissantes ont empêché les habitants des pays les plus pauvres d’accéder aux services de lutte contre le sida ; et les services de santé reproductive ont été bouleversés pour des millions de femmes.

Les agences des Nations Unies estiment que, rien qu’en Asie du Sud, les graves perturbations des services de santé dues à la pandémie de Covid-19 auraient entraîné 239.000 décès supplémentaires d’enfants et de mères l’année dernière. Et au Yémen, les effets dévastateurs de la pandémie ont conduit à une situation catastrophique où, toutes les deux heures, une femme meurt en accouchant.

Un lourd tribut pour les enfants

En termes de santé mentale, l’année dernière a eu un impact majeur dans le monde entier, mais le bilan a été particulièrement lourd pour les enfants et les jeunes. L’Agence des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a révélé en mars dernier, que les enfants vivent désormais « une nouvelle réalité dévastatrice », et que les progrès ont reculé dans pratiquement tous les domaines clés de l’enfance.

Les enfants des pays en développement ont été particulièrement touchés, les taux de pauvreté infantile ayant augmenté d’environ 15%. De plus, 140 millions d’enfants supplémentaires dans ces pays devraient également faire partie de ménages vivant sous le seuil de pauvreté.

Les effets sur l’éducation ont été particulièrement dévastateurs. 168 millions d’écoliers dans le monde ont manqué près d’une année de cours depuis le début de la pandémie, et plus d’un enfant sur trois n’a pas pu accéder à l’enseignement à distance lorsque les écoles étaient fermées.

L’UNICEF a réitéré son message de 2020, à savoir que la fermeture des écoles doit être une question de dernier recours. La Directrice de l’UNICEF, Henrietta Fore, a déclaré en janvier qu’« aucun effort ne doit être épargné » pour maintenir les enfants à l’école. « La capacité des enfants à lire, écrire et faire des calculs de base a souffert, et les compétences dont ils ont besoin pour prospérer dans l’économie du XXIe siècle ont diminué », a-t-elle déclaré.

En août, après les vacances d’été, l’UNICEF et l’OMS ont émis des recommandations pour un retour en toute sécurité à l’école, notamment l’intégration du personnel scolaire dans les plans nationaux de vaccination contre le coronavirus et la vaccination de tous les enfants à partir de 12 ans.

La Covid-19 n’est pas une « catastrophe ponctuelle »

Parallèlement aux appels en faveur d’une plus grande équité en matière de vaccins au cours de l’année, l’ONU a insisté à plusieurs reprises sur l’importance de concevoir une nouvelle façon de répondre aux futures pandémies, en citant l’échec flagrant de la réponse internationale à la Covid-19.

Une série de réunions ont été organisées par l’OMS, auxquelles ont participé des scientifiques et des décideurs politiques, et en mai, la création d’un Centre international de contrôle des pandémies à Berlin a été annoncée, dans le but d’assurer une meilleure préparation et une plus grande transparence dans la lutte contre les futures menaces probables pour la santé mondiale.

En juillet, le G20, qui regroupe les plus grandes économies du monde, dans un rapport indépendant sur la préparation aux pandémies, a conclu que la sécurité sanitaire mondiale est dangereusement sous-financée.

Le coprésident du groupe d’experts, le responsable politique singapourien Tharman Shanmugaratnam, a fait remarquer que la Covid-19 n’était pas une catastrophe ponctuelle et que le manque de financement signifiait que « nous sommes, par conséquent, vulnérables à une pandémie prolongée de Covid-19, avec des vagues répétées touchant tous les pays, et nous sommes également vulnérables aux pandémies futures ».

L’année s’est toutefois terminée sur une note positive en ce qui concerne la collaboration internationale : lors d’une rare session spéciale de l’Assemblée mondiale de la santé de l’OMS, fin novembre, les pays ont convenu d’élaborer un nouvel accord mondial sur la prévention des pandémies.

Le chef de l’OMS, M. Tedros, a reconnu qu’il restait beaucoup de travail à accomplir, mais il a salué cet accord comme « un motif de réjouissance et d’espoir, dont nous aurons besoin ».