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ŒUFS KINDER, PIZZAS BUITONI, FROMAGES LACTALIS CONTAMINÉS : QUAND LA RENTABILITÉ PRIME SUR LA SÉCURITÉ

ŒUFS KINDER, PIZZAS BUITONI, FROMAGES LACTALIS CONTAMINÉS : QUAND LA RENTABILITÉ PRIME SUR LA SÉCURITÉ

Après les pizzas Buitoni, filiale du groupe Nestlé, contaminées par la bactérie Escherichia coli (E.coli), les chocolats Kinder du géant Ferrero infectés par la salmonelle, c’est au tour de fromages du groupe Lactalis d’être porteurs de la listeria. Résultat : la confiance des consommateurs dans l’industrie agro-alimentaire chute. Des experts mettent en cause un système défaillant et des acteurs obsédés par la rentabilité.

Avant les crises alimentaires se produisaient tous les dix ans, là c’est tous les jours“, déplore Stéfane Guilbaud auteur notamment de “Stop aux mensonges dans l’assiette” (Eyrolles). L’usine qui produit les pizzas Buitoni, filiale du groupe Nestlé, potentiellement à l’origine de deux décès d’enfants, est fermée sur arrêté préfectoral. Les services ont montré des conditions d’hygiène non conformes avec notamment la présence de rongeurs dans la zone de production. Concernant l’usine des chocolats Kinder d’Arlon en Belgique, l’agence de sécurité alimentaire belge déplore les “informations incomplètes” fournies par la maison mère Ferrero et a ordonné l’arrêt de la production. Les services de l’État ont lancé des enquêtes pour identifier les dysfonctionnements sur le site de Lactalis.

Mais les experts ne se montrent pas surpris par la série de scandales sanitaires. L’ONG Foodwatch pointe un “système défaillant en matière de protection des consommateurs, qu’il faut urgemment réformer“. Aux yeux de l’association, “le système d’auto-contrôles confié aux industriels n’est pas suffisamment efficace“. Il est basé sur la confiance et consiste pour l’État à déléguer aux industriels une partie des contrôles autrefois réalisés par les services officiels. La Cour des comptes pointait déjà du doigt en 2013 des anomalies liées à ces autocontrôles. Les sages de la rue Cambon constataient que certaines non-conformités identifiées par des autocontrôles ne sont pas toujours rendues officielles.

Chute des contrôles dans les usines

Ce système conduit à une chute des contrôles dans les usines. En effet, la Répression des fraudes (DGCCRF) a supprimé 442 postes d’agents en dix ans réduisant ainsi drastiquement la capacité des agents à contrôler les industries. De même, la Direction générale de l’alimentation en charge de l’inspection vétérinaire (abattoirs) et aussi phytosanitaire (pesticides) a réduit le nombre des inspections de 33 % entre 2012 et 2019.

Cette baisse du nombre de contrôles est “la pire chose à faire“, selon Stéfane Guilbaud. Elle a conduit à une course à la rentabilité dans l’industrie agro-alimentaire, ajoute-t-il. “Le problème de l’alimentation industrielle ce sont les actionnaires qui en veulent toujours plus. Ils poussent les producteurs à rechercher un coût de revient toujours plus bas. Résultat, l’alimentation est fabriquée dans l’unique but d’être rentable“, déplore-t-il.

Une partie de l’industrie “rogne sur les procédures d’hygiène dans le seul but de préserver ses marges“, confirme l’UFC-Que Choisir. Dans le cas de Buitoni, qui appartient au groupe Nestlé, “le nettoyage de nuit, réalisé par des hygiénistes a disparu, remplacé par de la production. Les salariés peu formés doivent assurer comme ils le peuvent”, indique la fédération agroalimentaire CGT.

“Nestlé traverse la période la plus difficile de son histoire centenaire”

Toutefois, Nestlé conteste une absence d’hygiène sur ses chaînes de production. Plus globalement, le groupe a tenté de minimiser la crise en indiquant notamment avoir mené une série de tests dans l’usine concernée qui se sont révélés négatifs. Ce déni est d’autant plus étonnant de la part d’un grand groupe qui affirme que “les consommateurs méritent une information de qualité au sujet des produits qu’ils achètent et de la société qui les commercialise”, selon son rapport intégré. Par ailleurs, Nestlé a publié un plan de vigilance et soutient être “en faveur d’un développement des affaires à long terme plutôt qu’un intérêt pour le profit à court terme“.

Jusqu’à présent, le groupe, qui fait partie du Dow Jones Sustainability Index, figurait parmi les bons élèves en matière de développement durable. Mais “le géant Nestlé traverse la période la plus difficile de son histoire centenaire“, estime Florian Silnicki, fondateur de l’agence de gestion de crise LaFrenchCom. Ses erreurs, comparables à celles de Lactalis en 2018, incitent “les consommateurs à prendre conscience que l’alimentation quotidienne n’a rien d’anecdotique“, ajoute l’expert en communication de crise. Pourtant l’alimentation est de plus en plus sécurisée, répète le secteur agro-industriel. En effet, dans les années 1960, les intoxications alimentaires pouvaient provoquer des milliers de morts chaque année, contre environ 250 désormais, d’après Santé publique France.

NVTC