Bien que les eaux souterraines représentent 99% de toute l’eau douce sur Terre, elles sont souvent sous-évaluées, mal gérées et surexploitées, selon un rapport publié par l’UNESCO, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau.
« Les eaux souterraines sont une ressource naturelle essentielle, invisible mais indispensable à la vie sur notre planète », a déclaré la cheffe de l’UNESCO, Audrey Azoulay, dans l’avant-propos de « Rendre visible l’invisible », la dernière édition du Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau (WWDR).
Notant que près de 50% de la population urbaine mondiale dépend de sources d’eau souterraines, Mme Azoulay a souligné que « de plus en plus d’aquifères sont pollués, surexploités et asséchés par l’homme, parfois avec des conséquences irréversibles ».
Pour toutes ces raisons, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau 2022, l’UNESCO célèbre cette ressource essentielle – soulignant qu’il est de notre responsabilité collective, et dans notre intérêt commun, de mieux protéger et gérer les eaux souterraines.
Protéger l’eau et subvenir à la demande croissante
Lors de la cérémonie d’ouverture du neuvième Forum mondial de l’eau à Dakar, au Sénégal, les auteurs ont braqué les projecteurs sur le vaste potentiel des eaux souterraines, sur la nécessité de les gérer de manière durable, lançant un appel aux États pour qu’ils s’attaquent aux crises de l’eau actuelles et futures dans le monde entier.
En plus de fournir de l’eau pour la boisson et pour d’autres usages domestiques, environ 25% des eaux souterraines sont prélevées à des fins d’irrigation pour l’agriculture.
L’UNESCO signale que la consommation d’eau devrait augmenter d’environ 1% par an au cours des 30 prochaines années, et que la dépendance à l’égard des eaux souterraines devrait s’accroître avec l’impact du réchauffement climatique.
Selon le rapport, il est essentiel d’exploiter plus durablement les eaux souterraines pour répondre aux besoins fondamentaux d’une population mondiale en constante augmentation et pour faire face aux crises climatique et énergétique mondiales.
Améliorer l’utilisation et la gestion de l’eau
« Améliorer la façon dont nous utilisons et gérons les eaux souterraines est une priorité urgente si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 », a déclaré le Président d’ONU-Eau et Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Gilbert Houngbo, dans l’avant-propos du rapport.
« Les décideurs doivent commencer à prendre pleinement en compte les moyens vitaux par lesquels les eaux souterraines peuvent contribuer à assurer la résilience de la vie et des activités humaines dans un avenir où le climat devient de plus en plus imprévisible »; a-t-il ajouté.
Des avantages considérables
La qualité des eaux souterraines, qui nécessitent moins de traitement avancés, les rend sûres et abordables, selon le rapport.
De plus, elles constituent le moyen le plus rentable d’approvisionner les ménages qui ne sont pas desservis par des systèmes de distribution publics ou privés, tel les villages ruraux et pourraient servir de catalyseur de croissance économique en augmentant les surfaces irriguées et en améliorant les rendements agricoles et la diversité des cultures.
En termes d’adaptation au changement climatique, les systèmes aquifères peuvent être utilisés pour améliorer la disponibilité d’eau douce tout au long de l’année, car ils s’évaporent beaucoup moins que les réservoirs de surface.
Libérer le potentiel des eaux souterraines
De la collecte de données au renforcement des réglementations environnementales en passant par le renforcement des ressources humaines, matérielles et financières, le rapport propose des recommandations concrètes pour libérer l’énorme potentiel des eaux souterraines.
L’acquisition de données et d’informations, qui relève généralement de la responsabilité des agences nationales et locales des eaux souterraines, pourrait être complétée par le secteur privé, affirment les auteurs.
Ainsi, dans le cadre de leur responsabilité sociale, les entreprises privées sont vivement encouragées à partager ces données et informations avec les professionnels du secteur public.
Renforcer la réglementation
La pollution des eaux souterraines étant pratiquement irréversible, elle doit être évitée. Sa nature invisible rend toutefois la poursuite des pollueurs assez difficile.
Pour prévenir la contamination, il faut une utilisation appropriée des terres et des réglementations environnementales adéquates, notamment dans les zones de recharge des aquifères, souligne l’étude, qui pousse les gouvernements, en tant que gardiens des ressources, à veiller à ce que l’accès aux eaux souterraines et les bénéfices qui en découlent soient répartis équitablement.
« L’amélioration des connaissances et le développement des capacités ne suffisent pas. Pour protéger les aquifères, nous avons également besoin d’innovation, en termes d’interventions techniques, de réformes institutionnelles et juridiques, d’amélioration du financement et de changements de comportement », a fait valoir la cheffe de l’UNESCO.
Les eaux souterraines sont au cœur de la Journée mondiale de l’eau, célébrée mardi. En décembre, ONU-Eau et l’UNESCO organisent un sommet mondial sur les eaux souterraines.
UN
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