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Téranga Nature

LE DÉPASSEMENT DES LIMITES PLANÉTAIRES EXPLOSE QUAND ON PREND EN COMPTE LES IMPACTS HUMAINS

LE DÉPASSEMENT DES LIMITES PLANÉTAIRES EXPLOSE QUAND ON PREND EN COMPTE LES IMPACTS HUMAINS

Un groupe de chercheurs a ajouté aux limites planétaires des seuils concernant la justice sociale et les impacts négatifs sur les communautés et les individus liés au franchissement de ces limites. C’est ce qu’ils ont baptisé les “limites planétaires sûres et justes”. Il apparaît que sur huit d’entre elles, sept sont déjà dépassées. 

Nous connaissions les limites planétaires, développées en 2009 par une équipe de spécialistes menée par Johan Rockström, codirecteur du Potsdam Institute for Climate Impact Research. Ces neuf variables – parmi lesquelles se trouvent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, l’acidification des océans, la pollution chimique ou encore l’utilisation mondiale de l’eau – régulent la stabilité de la planète et ne doivent pas être dépassées afin de continuer à assurer un développement “sûr” pour l’humanité. À ce jour, nous en avons déjà dépassé au moins six, soit les deux tiers.

Mais les chercheurs ont voulu aller plus loin. Dans une étude publiée mercredi 31 mai dans la revue Nature, ils ont pour la première fois identifié ce qu’ils appellent les limites planétaires “sûres et justes”. En partant des limites planétaires physiques, les limites “sûres”, ils ont ajouté des critères concernant concernant la justice sociale et les impacts négatifs sur les communautés et les individus liés au franchissement de ces limites. Il s’agit des limites au-delà desquelles par exemple les individus ne sont plus à l’abri des dommages causés par les changements planétaires. Le bilan est encore plus lourd puisque sept de ces huit limites planétaires “sûres et justes” ont déjà été dépassées.

“Nos résultats sont assez préoccupants. Cela signifie qu’à moins d’une transformation radicale, il est très probable que des points de basculement irréversibles et des impacts généralisés sur le bien-être humain soient inévitables”, a commenté dans un communiqué Johan Rockström, également co-directeur de la Commissions de la Terre, à l’origine de ce nouveau concept.

La limite “juste” sur le changement climatique déjà dépassée

Parmi ces limites “sûres et justes”, il y a par exemple le changement climatique. La limite “sûre” est fixée à 1,5°C, car en-dessous de ce seuil, la probabilité de déclencher des éléments de basculement, tels que l’effondrement de la calotte glaciaire du Groenland ou un dégel brutal localisé du pergélisol boréal, est considérée comme “modérée” par les chercheurs. Par contre, la limite “juste” est fixée à un seuil plus strict de 1°C, car à ce niveau de réchauffement, des dizaines de millions de personnes sont déjà exposées à des températures extrêmes, “soulevant des préoccupations de justice inter et intragénérationnelle”, peut-on lire dans l’étude.

C’est bien pire avec un réchauffement de 1,5°C. “Plus de 200 millions de personnes, parmi les plus vulnérables, pauvres et marginalisés (injustice intragénérationnelle), pourraient être exposés à des températures annuelles moyennes sans précédent et plus de 500 millions pourraient être exposés à une élévation du niveau de la mer à long terme. Ce nombre de personnes blessées dépasse largement le principe largement accepté de ‘ne laisser personne de côté’ et de rater la plupart des objectifs de développement durable”, argumentent les auteurs.

Dès lors, sur cette limite liée au climat, les chercheurs considèrent que le seuil est déjà dépassé puisque nous sommes à +1,2°C de réchauffement global et qu’ils préconisent de prendre toujours la limite la plus stricte, soit dans ce cas 1°C. Parmi les autres limites dépassées, il y a celles qui concernent la biosphère, l’eau ou encore les fertilisants. Seule la limite concernant la pollution aux aérosols n’est pas encore franchie, mais les auteurs appellent à la mise en place de mesures de réduction de la pollution aux particules fines à travers le monde.

17 entreprises pilotes

Cette nouvelle recherche vise à apporter des fondements scientifiques pour fixer la prochaine génération d’objectifs, d’attentes et d’actions en matière de développement durable. Les entreprises sont donc invitées à s’en saisir et à dépasser l’approche uniquement basée sur le climat jusqu’ici privilégiée. “Cette nouvelle étude est d’une importance cruciale pour les entreprises. Elle relie le climat à la nature, à l’eau douce, l’air pur et d’autres biens communs mondiaux et définit ce qui est nécessaire pour assurer notre avenir collectif“, a réagi Gim Huay, directeur général du Centre pour la nature et le climat au Forum économique mondial.

Dans ce contexte, le Science Based Targets Network (SBTN), qui fournit des outils aux entreprises sur leur impact sur la nature, vient de publier ses premiers objectifs. Une étape importante pour aider les entreprises à prendre des mesures intégrées dans les différents domaines. Un premier groupe de dix-sept entreprises pilotes parmi lesquelles Bel, Carrefour, Kering ou encore H&M, se préparent à soumettre des cibles pour validation. L’initiative sera élargie à toutes les entreprises en 2024. 

NVTC