Des JO d’hiver sans neige naturelle et des montagnes éloignées de Pékin : la quinzaine olympique (4-20 février 2022) dans la capitale chinoise aura un coût écologique, en dépit des promesses des organisateurs.
Pékin, qui a promis d’organiser des Jeux “verts”, a annoncé que l’électricité consommée lors des épreuves serait entièrement d’origine renouvelable. Zhangjiakou, la ville qui co-organise les Jeux à environ 180 km au nord-ouest de Pékin, a installé des éoliennes pouvant produire 14 millions de kilowatts, approximativement la même puissance qu’un petit Etat comme Singapour. Les montagnes environnantes sont recouvertes de panneaux solaires d’une capacité additionnelle de 7 millions de kilowatts.
Ces différentes installations sont reliées à un centre de distribution auquel seront connectés les sites olympiques – permettant à Pékin de dire que l’alimentation des Jeux est uniquement d’origine renouvelable. Mais au plan national, la Chine continue à dépendre aux deux tiers du charbon pour sa production d’électricité.
De l’air pur ?
Afin de garantir un air respirable, les poêles à charbon ont été remplacés par des systèmes de chauffage électrique ou à gaz dans 25 millions de foyers à Pékin et les régions environnantes, où le froid est vif durant les mois d’hiver. Les aciéries de la région ont reçu l’ordre de diviser leur production par deux en août dernier et des dizaines de milliers d’usines ont dû payer des amendes pour dépassement des limites d’émissions polluantes.
La qualité de l’air s’est indéniablement améliorée à Pékin ces dernières années : la capitale chinoise n’a enregistré que 10 jours de pollution atmosphérique élevée en 2020, contre 43 en 2015, selon le ministère de l’Environnement. La présence de particules fines, en provenance du reste du pays, continue cependant à dépasser régulièrement les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
“La leçon des Jeux olympiques (d’été) de 2008, c’est que déplacer les industries polluantes en dehors de Pékin ne suffit pas à garantir une amélioration durable de la qualité de l’air”, commentait l’organisation écologiste Greenpeace en 2015.
Quel sera l’impact des transports ?
Les montagnes étant distantes de la capitale, Pékin a construit une ligne de train à grande vitesse pour rejoindre les pistes de ski et autres sites olympiques, et a mis en place des centaines d’autocars pour transporter les sportifs et le personnel d’accompagnement. D’après les organisateurs, 85 % des véhicules utilisés pour les JO-2022 rouleront à l’électricité ou à l’hydrogène. Pour cause d’épidémie, seuls les spectateurs résidant en Chine pourront assister aux Jeux – ce qui devrait mécaniquement réduire le coût écologique du transport aérien par rapport aux JO précédents.
D’où vient la neige ?
Il tombe peu de neige à Pékin, au cœur d’une région connue pour sa sécheresse hivernale. Conséquence : si la neige artificielle est utilisée en appoint pour les Jeux d’hiver depuis ceux de Lake Placid aux Etats-Unis en 1980, ceux de Pékin en seront totalement dépendants. La Chine estimait en 2019 qu’elle aurait besoin de 185 millions de litres d’eau pour recouvrir les pistes. Les organisateurs assurent que cette eau ne contient pas de produits chimiques et pénétrera naturellement dans le sol lors de la fonte.
Quel impact à long terme ?
Quand Pékin a été désigné ville-hôte des JO-2022, l’un des arguments de la candidature chinoise était que les épreuves inciteraient 300 millions de Chinois à se mettre aux sports d’hiver. Mais cette activité risque de mettre encore plus de pression sur les ressources en eau. Pékin ne peut déjà compter que sur 300 m3 d’eau par an et par habitant, soit moins du tiers de l’approvisionnement recommandé par les normes de l’ONU.
“Organiser des JO dans cette région est une aberration, c’est irresponsable”, dénonce la géographe Carmen de Jong, de l’université de Strasbourg. “Comme l’idée est de créer des stations de ski, il va falloir pomper de l’eau pour fabriquer de la neige. Elles ne peuvent pas fonctionner naturellement.”