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Incendies en forêt : qu’est-ce-que les “mégafeux”?

Incendies en forêt : qu’est-ce-que les “mégafeux”?

A l’heure où la planète semble chaque jour s’enfoncer dans un scénario climatique plus apocalyptique que la veille, les mégafeux se multiplient dans le monde, sous l’effet du réchauffement climatique. Mais qu’entend-t-on exactement par “mégafeu”, quelles sont les caractéristiques propres de ces “incendies monstres” et en quoi se révèlent-ils particulièrement dévastateurs pour la biodiversité ? 

350 millions d’hectares. C’est la superficie qui part en fumée chaque année dans le monde. Pour se le représenter, cela correspond à une surface brulée équivalente à 1/3 de l’Europe. En cet été de fortes chaleurs où les températures atteignent des niveaux records, plus un jour ne se passe sans que les incendies de forêt ne fassent la une des médias.

En Gironde, dans les Landes, comme aux États-Unis et dans toutes les régions du monde, le feu ravage quotidiennement des centaines voire des milliers d’hectares de forêt. Mais si le terme est souvent utilisé dans les médias, il l’est parfois… à tort. Car en effet, tous les incendies conséquents ne sont pas des mégafeux. Alors à partir de quand peut-on réellement parler de “mégafeu”, et en quoi so

t-ils particulièrement dangereux pour les forêts ? Interrogé par Geo, l’Office National des Forêts (ONF) nous apporte un éclairage sur la question.

A partir de quand peut-on parler de mégafeux ?

Si aux États-Unis, on parle régulièrement de mégafeux pour qualifier les incendies dévastateurs frappant les différentes régions du pays, en France cela fait peu de temps que le terme est repris. Et alors qu’il tend à l’être de plus en plus dans les médias, son utilisation n’est pas toujours justifiée. De fait, “il n’y a pas de définition unanimement partagée de la notion de mégafeux, bien qu’il existe une littérature assez fournie, et le terme reste sujet à débat“, répond prudemment l’Office national des Forêts. “Ce qui fait un peu plus consensus quel que soit le terme c’est qu’il s’agit de feux qu’on n’a pas l’habitude de voir et qui sortent de la “norme” ou de la “distribution mathématique”.

En l’attente d’une véritable définition scientifique du phénomène, la NASA en propose la description suivante dans une étude récente : « Entre les changements climatiques et près d’un siècle d’exclusion des incendies, les feux de forêts sont devenus plus extrêmes en termes de taille, de gravité, de complexité du comportement et de la résistance à l’extinction. Ces incendies sont communément qualifiés de mégafeux et se situent aux extrêmes des variations historiques ».

Une définition différente en Europe et aux États-Unis

Quand on parle de mégafeux aux États-Unis, cela ne correspond pas au même phénomène qu’en France. De fait, en Amérique du nord le terme est utilisé pour désigner une surface touchée qui se situe à minima à partir de 10 000 hectares, tandis qu’en Europe, il peut l’être dès que 1000 hectares sont affectés. A l’échelle internationale, ce terme est utilisé pour des feux sans commune mesure avec ce qu’on pourrait vivre de pire en France“, relativise l’organisme évoquant par exemple, les cas des feux géants qui sévissent en Californie.

Pour éviter tout risque de “catastrophisme”, l’ONF, lui préfère donc le terme “feu extrême” ou “feux hors normes” mobilisés par certains scientifiques reconnus. Toutefois, si l’on ne dispose pas encore d’une définition scientifique unanime sur le sujet, certains critères peuvent permettre de distinguer ces feux extrêmes.

Quelles sont les caractéristiques d’un “mégafeu” ?

Parmi les caractéristiques propres à ces feux “hors norme” ou “extrêmes”, on trouve :

  • La vitesse de propagation
  • L’intensité de propagation
  • La zone, lorsqu’ils sévissent des milieux inhabituels
  • Les dégâts exceptionnels
  • La surface exceptionnelle

Cette dernière est elle-même relative en France méditerranéenne, où l’on considère qu’une surface est exceptionnelle à partir de 5000ha, alors qu’il s’agit d’une superficie peu significative en Californie. Et à l’intérieur même de l’hexagone, on considère qu’un feu qui s’étend sur 500 ha dans les Vosges, soit une zone inhabituelle aux incendies, peut déjà être qualifiée de phénomène hors norme.

Deux autres critères peuvent être cités, même s’ils font moins consensus car concernent les pays à grands espaces (Amérique du Nord, Australie, Russie) où les feux peuvent durer plusieurs semaines voir plusieurs mois et sont effectivement incontrôlables“, précise l’ONF. La durée et la dimension incontrôlable, sont donc également des indicateurs propres aux feux extrêmes. “Même si certains peuvent poser de très grosses difficultés aux services de lutte, les feux en France ne sont pas « incontrôlables » et ne sont pas laissés en propagation libre“, insiste l’organisme.

Une multiplication des feux extrêmes due au changement climatique

Les mégafeux représentent 3 % des incendies mais sont responsables de plus de 50 % des surfaces brûlées de la planète. C’est pourquoi ils sont considérés comme particulièrement dangereux pour le forêts. Aussi, les surfaces boisées dévastées par ces phénomènes peuvent mettre beaucoup plus de temps à se régénérer, voire tendent progressivement à disparaitre comme vient de le démontrer une étude de l’université de Californie, qui évoque une “disparition massive des arbres” dans l’état californien.

Près d’un arbre sur dix y ont disparu depuis 1985 en raison des incendies, de la sécheresse, et des prélèvements. Une situation qui ne fait que s’étendre et s’aggraver sous l’effet du réchauffement climatique. Car en effet, la responsabilité de la crise climatique est clairement pointée du doigt par les climatologues dans la multiplication des mégafeux. Durant les trente dernières années, la moitié des superficies brûlées dans l’Ouest américain, sont imputables au changement climatique selon des travaux publiés en 2016.

Les politiques publiques préventives, un rempart face à la catastrophe ?

Les projections de Météo-France ne sont guère plus optimistes. Dans un scénario pessimiste des émissions de gaz à effet de serre entre 2081 et 2100, l’institution française estime que la saison des feux dans le sud du pays passera d’un mois, comme c’est le cas aujourd’hui, à deux voire trois mois. Les prévisions indiquent également que les incendies toucheront alors des types de végétation, comme les petites broussailles, jusque-là épargnés.

Mais si les scénarios sont très inquiétants pour l’avenir de la biodiversité et du vivant en général, rappelons toutefois que l’écrasante majorité des incendies ne sont pas d’origine naturelle, mais bien le fait de la responsabilité humaine. Autrement dit, ils sont évitables. En ce sens, la lutte préventive contre les feux de forêt et les politiques d’aménagement publiques peuvent et doivent jouer un rôle dans la gestion et l’évolution de ces événements.

Géo

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