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Téranga Nature

ENTRE INCENDIES CRIMINELS ET SÉCHERESSE EXTRÊME, L’AMAZONIE CONTINUE DE SUFFOQUER

ENTRE INCENDIES CRIMINELS ET SÉCHERESSE EXTRÊME, L’AMAZONIE CONTINUE DE SUFFOQUER

Dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne, les incendies se multiplient. 2 770 foyers actifs ont été enregistrés depuis le début du mois d’octobre, provoquant d’épais nuages de fumée qui rendent l’air des villes les plus proches irrespirable. Les feux, d’origine “criminelle”, sont amplifiés par de fortes chaleurs et une sécheresse historique.

Depuis près d’une semaine, le ciel de Manaus est obscurci par d’épaisses fumées. La capitale de l’Amazonie brésilienne, qui dénombre quelque deux millions d’habitants, subit les impacts d’une série d’incendies provoqués à des fins de déforestation. Du fait de ces fumées, l’air dans la ville comptait il y a quelques jours parmi les moins sains au monde, selon le site spécialisé World Air Quality Index. Une situation qui fait courir des “risques importants” aux résidents, a averti Marcio Garcia, un responsable du ministère de la Santé, appelant la population locale à éviter au maximum de s’y exposer.

Si les incendies dans la région se concentrent généralement entre les mois d’août et septembre, période durant laquelle le niveau des pluies diminue, l’Institut national de recherches spatiales (Inpe) note, dans l’État de l’Amazonas, l’un des pires mois d’octobre sur ces 25 dernières années. Jeudi 12 octobre, l’institut brésilien comptabilisait ainsi 2 770 foyers actifs depuis le début du mois, soit une hausse de 154% par rapport à l’année dernière. Face à l’urgence, le gouvernement a annoncé l’envoi de deux hélicoptères et de 149 personnes supplémentaires, qui viendront s’ajouter aux 140 déjà déployées pour lutter contre les feux.

Sécheresse d’une gravité exceptionnelle

Alors que, depuis le retour au pouvoir du président Luiz Inacio Lula da Silva, la déforestation a baissé de près de 50% par rapport à la même période en 2022, la situation est aujourd’hui d’une “extrême gravité” a souligné la ministre de l’Environnement Marina Silva. “Se croisent trois facteurs : la grande sécheresse provoquée par El Niño, la matière organique sèche en grande quantité et les incendies de type criminel”, utilisés pour déboiser la forêt à des fins agricoles, a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse à Brasilia. “Il n’y a pas de feu naturel en Amazonie”, a ajouté la ministre, mais ils sont en revanche amplifiés par le changement climatique.

La région est en effet victime d’une sécheresse d’une gravité exceptionnelle. Frappées par de fortes chaleurs et un manque de précipitations, 60 des 62 villes de l’État d’Amazonas ont été contraintes de déclarer l’état d’urgence, rapporte l’agence de presse Reuters. Le 2 octobre dernier, Manaus enregistrait ainsi une température de 39,2°C, soit la journée la plus chaude qu’ait connu la ville en trente ans. Les cours d’eau atteignent par ailleurs des seuils critiques, certains étant presque complètement asséchés. Dans le port de la capitale, le niveau était descendu mardi 17 octobre à moins de quatorze mètres de profondeur : il s’agit du point le plus bas constaté depuis les premières mesures en 1902. 

Un demi-million de personnes affectées

Un peu plus à l’ouest, sur les rives du lac Tefé, la sécheresse a provoqué fin septembre la mort de plusieurs dizaines de dauphins d’eau douce. Au moins 130 individus ont été retrouvés sans vie, sur les 1 400 animaux qui vivent dans ces eaux. Les causes de cette hécatombe restent à éclaircir, mais les scientifiques pointent d’ores et déjà du doigt les vagues de chaleur. Le mois dernier, la température du lac était 8°C au-dessus de la moyenne, observent-ils. Dans d’autres municipalités, poissons et crocodiles ont rencontré le même destin face au manque d’eau et aux températures anormales. 

Et les conséquences de la sécheresse sur les rios ne s’arrêtent pas là. Un demi-million de personnes, s’appuyant sur les cours d’eau pour la pêche, le transport des personnes ou encore l’approvisionnement d’eau potable et de nourriture, sont affectées. La navigation de neuf lignes fluviales sur dix serait ainsi perturbée, notamment pour les bateaux les plus lourds. La production de certains barrages hydroélectriques pâti également de la réduction des débits. Le pays ne s’attend pourtant pas à une amélioration prochaine. Selon le ministère des Sciences, la sècheresse pourrait s’étendre jusqu’au mois de décembre.

AFP