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Téranga Nature

DES ÉMISSIONS MASSIVES DE MÉTHANE PAR L’INDUSTRIE PÉTROLIÈRE ET GAZIÈRE DÉTECTÉES DEPUIS L’ESPACE

DES ÉMISSIONS MASSIVES DE MÉTHANE PAR L’INDUSTRIE PÉTROLIÈRE ET GAZIÈRE DÉTECTÉES DEPUIS L’ESPACE

Des scientifiques ont pour la première fois cartographié des panaches de méthane à partir d’images satellites à l’échelle du globe. Il apparaît que la grande majorité de ces émissions émanent d’infrastructures pétrolières ou gazières. Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre, derrière le CO2, mais il a un pouvoir réchauffant beaucoup plus important. Les chercheurs insistent sur l’intérêt climatique mais aussi économique de lutter contre ces fuites. 

Grâce à l’imagerie satellite, des scientifiques ont quantifié pour la première fois à l’échelle du globe les émissions massives de méthane dues à l’exploitation du pétrole et du gaz. Leurs résultats, publiés ce vendredi 4 février dans la revue Science, font état de 1 800 panaches de méthane à travers le globe, dont 1 200 sont attribués à l’exploitation d’hydrocarbures. Il peut s’agir de rejets accidentels ou liés à des opérations de maintenance, qui conduisent à des fuites très importantes. Leur impact climatique est gigantesque : les scientifiques estiment qu’il est comparable à celui de la circulation de 20 millions de véhicules pendant un an.

Pour parvenir à ces données, les chercheurs ont analysé de façon systématique des milliers d’images produites quotidiennement pendant deux ans par un satellite de l’ESA, l’Agence spatiale européenne. Et l’étude montre que ces rejets massifs ne sont pas aléatoires et chaotiques, mais détectés systématiquement au-dessus de certains sites d’extraction du pétrole et du gaz. Or le méthane contribue largement au changement climatique, avec un pouvoir de réchauffement 82 fois plus important que celui du CO2 sur une période de vingt ans.

“Limiter ces fuites serait synonyme de milliards de dollars d’économies”
Limiter les émissions de méthane aurait donc un impact majeur sur le changement climatique mais également relativement rapide puisque c’est un gaz à effet de serre qui a une durée de vie d’une dizaine d’années seulement, contre 100 ans pour le C02. Les chercheurs insistent aussi sur le bénéfice économique de colmater ces fuites. “En prenant en compte les coûts sociétaux sous-jacents aux impacts sur le climat et la qualité de l’air ainsi que le prix du gaz perdu, l’étude montre que les limiter serait synonyme de milliards de dollars d’économies nettes pour les pays qui en sont responsables” notent les auteurs.

L’industrie fossile est le deuxième plus gros émetteur de méthane, après l’agriculture, mais plusieurs études suggèrent que leurs émissions sont sous-estimées de 25 à 40 %. En 2018, une étude avait déjà montré, à partir du cas des États-Unis, la vaste sous-estimation dans les inventaires officiels des émissions de méthane liées à l’extraction et à la distribution du pétrole et du gaz en raison des rejets sporadiques non déclarés par les exploitants d’hydrocarbures.

70 entreprises et une centaine d’États engagés
Dans le cadre du Oil and Gas Methane Partnership, porté par le PNUE et la Commission européenne, plus de 70 entreprises, représentant 30 % de la production de pétrole et de gaz mondiale se sont engagées à être plus transparentes sur leurs émissions de méthane. TotalEnergies, qui a déjà réduit de 80 % son torchage de routine depuis 2010, s’engage à ne plus y avoir recours d’ici 2030. ExxonMobil de son côté prévoit de réduire ses émissions de méthane de 40 à 50 % d’ici 2025 par rapport à 2016.

À la COP26, une centaine d’États se sont aussi engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030, le sujet faisant enfin son apparition au sein des négociations internationales. Deuxième gaz à effet de serre derrière le dioxyde de carbone, le méthane a déjà contribué à une augmentation des températures de 0,5° C sur les 1,1°C de hausse par rapport à la période pré-industrielle. Réduire nos émissions de méthane de 45 % permettrait d’empêcher un réchauffement de 0,3°C d’ici 2045, selon l’ONU.

NVTC