À qui appartiennent les bouteilles, flacons, bidons, en plastique qui jonchent les plages, les rues ou les forêts ? En premier à Coca-Cola, ensuite, loin derrière, à PepsiCo puis Unilever, selon le podium de l’ONG Break Free From Plastic qui déploie ses bénévoles chaque année pour identifier les entreprises les plus polluantes en ramassant les déchets plastiques dans la nature. En pleine COP26, ce peu reluisant classement tombe mal alors que le plastique est désormais considéré par certains experts comme le “nouveau charbon” à cause des émissions qu’il génère.
C’est la quatrième année que les bénévoles de l’ONG Break Free From Plastic passent au peigne fin les plages, parcs, forêts… du monde entier pour y ramasser les déchets plastiques. Cette année plus de 11 000 volontaires ont sillonné 45 pays de six continents différents. Le but est d’identifier les entreprises responsables de cette pollution plastique. Et, sans surprise, comme chaque année, c’est Coca-Cola qui termine en tête de ce classement peu reluisant. Au total près de 20 000 morceaux de plastique appartenant à la firme américaine, qui détient les marques Tropico, Honest, Fanta ou encore Sprite, ont été retrouvés dans 39 pays différents.
Loin derrière, on retrouve, en deuxième place du podium, PepsiCo avec 8 231 déchets plastiques, puis Unilever qui entre pour la première fois dans le Top 3 après avoir éjecté Nestlé. “Il s’agit d’une évolution particulièrement flagrante d’autant que l’entreprise est l’un des principaux partenaires de la COP26 à Glasgow cette année”, note l’ONG. Et de fait, le géant de l’agroalimentaire a été retenu comme “partenaire principal” au côté par exemple de Microsoft pour son engagement en faveur d’une trajectoire 1,5°C. Un détail qui n’a pas échappé à Greenpeace.
Le plastique, cinquième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde
“Si l’on considère que 99% du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles et que les compagnies pétrolières se tournent activement vers le plastique comme source croissante de revenus, le rôle d’Unilever à la COP26 est particulièrement cynique”, a réagi l’ONG. “L’addiction du monde au plastique à usage unique est une grave contribution à la crise climatique. Si l’ensemble du plastique était un pays, il serait le cinquième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde“, abonde Break Free From Plastic
Un nouveau rapport publié par le Bennington College estime même que l’industrie du plastique aux États-Unis pourrait libérer plus de gaz à effet de serre que les centrales à charbon d’ici 2030, avec 232 millions de tonnes de CO2 émis par an, soit 116 centrales à charbon. “Le plastique est le nouveau charbon et c’est une préoccupation majeure de justice environnementale… Les impacts sur la santé des émissions sont supportés de manière disproportionnée par les communautés à faibles revenus et les communautés de couleur”, a déclaré au Guardian Judith Enck, présidente de Beyond Plastics et ancienne administratrice de l’Agence régionale de protection de l’environnement sous la présidence Obama.
Des premiers efforts
Si Coca-Cola est l’entreprise qui génère le plus d’emballages plastiques, selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur, Danone n’est pas en reste. Le Français fait une entrée fracassante dans le Top 10 des plus gros pollueurs plastiques en se hissant à la huitième place. Contacté par Novethic, le groupe se dit “conscient de l’impact de la pollution plastique sur la crise climatique” et travaille à “découpler ses emballages des ressources fossiles”. D’ici 2025, Danone veut ainsi réduire d’un tiers la quantité de plastiques vierges utilisés. “Mais nous pensons que l’action politique est essentielle pour conduire une transformation à l’échelle du secteur, c’est pourquoi nous avons soutenu dès le début l’appel à la création d’un traité mondial sur les plastiques”, explique Danone.
Reste que les grands groupes font des efforts, remarquait début octobre l’organisation américaine As You Sow qui a classé les pratiques des grandes entreprises utilisatrices de plastique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est Coca-Cola qui apparaissait comme l’entreprise la plus vertueuse notamment en raison de la transparence dont le groupe fait preuve sur ses politiques pour réduire la pollution plastique. Si As You Sow notait une prise de conscience globale des industriels sur leur responsabilité en matière de pollution et de réels progrès, même Coca-Cola en tête du classement n’a pas obtenu la meilleure note possible.
NVTC
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