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CORONAVIRUS : LES ÉMISSIONS DE CO2 VONT BRUTALEMENT CHUTER EN 2020, MAIS CELA NE SUFFIRA PAS POUR RESPECTER L’ACCORD DE PARIS

CORONAVIRUS : LES ÉMISSIONS DE CO2 VONT BRUTALEMENT CHUTER EN 2020, MAIS CELA NE SUFFIRA PAS POUR RESPECTER L’ACCORD DE PARIS

Le coronavirus a mis à l’arrêt l’économie mondiale et confiné la moitié de l’humanité. Cette mise en pause va entraîner une réduction drastique des émissions de CO2 par rapport aux années précédentes, de l’ordre de 5 %, peut-être même plus. Mais cela ne saurait suffire pour espérer atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Pour cela, il faudrait que les baisses d’émissions soient encore supérieures.

En Europe, principal foyer de progression du coronavirus, le confinement entraîne une baisse des émissions de CO2 de 58 % par jour, selon les calculs du cabinet de conseil Sia Partners. Si celui-ci durait 45 jours dans la plupart des pays de l’Union européenne, ce sont 145 mégatonnes de CO2 qui pourraient être évitées en 2020, soit 5 % des émissions annuelles européennes. Dans le transport routier et aérien, les émissions quotidiennes sont dix fois moins importantes que la normale. La baisse atteint 40 % dans l’énergie.  

Au niveau mondial, selon Carbon Brief (1), les émissions de CO2 pourraient chuter de 5,5 % en 2020 par rapport à l’an dernier, ce qui correspond à 2 000 millions de tonnes de CO2 (MtCO2) évitées. L’ONG anglaise prend en compte les données disponibles pour les plus gros pays pollueurs, comme la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Europe et le secteur pétrolier, couvrant ainsi les trois quarts des émissions mondiales. Il s’agirait de la plus forte baisse annuelle jamais enregistrée depuis le XVIIIe siècle !  

2019, pic des émissions mondiales

À titre de comparaison, la réduction annuelle la plus importante à ce jour a été la chute de 845 MtCO2 en 1944-45, à la fin de la seconde guerre mondiale. La baisse après la crise financière de 2008-2009 ne se situe qu’au cinquième rang, avec 440 millions de tonnes de CO2, et a été suivie un an plus tard d’une augmentation de 1 612 millions de tonnes due à la relance.

Le Guardian a également calculé que la baisse des émissions en 2020 pourrait atteindre 2 500 MtCO2. L’économiste Christian de Perthuis évoque même une fourchette qui pourrait atteindre 5 000 MtCO2. “Le choc de 2020 pourrait faire de l’année 2019 le pic mondial des émissions de CO2”, espère-t-il dans une tribune publiée le week-end dernier dans le Journal du dimanche (3).

“Depuis 1959, les chocs extérieurs ont laissé des traces durables dans une région du monde. Au lendemain du réalignement du prix du pétrole en 1980, les émissions mondiales baissent pour la première fois deux années consécutives. C’est aussi le moment où l’Union européenne atteint son pic d’émissions. La seconde baisse, observée au début des années 1990, se superpose avec le pic d’émissions atteint en 1990 pour l’ensemble des pays de l’ex-bloc soviétique. Le choc de 2009 n’a guère affecté la trajectoire chinoise, mais il se superpose avec le pic des États-Unis, atteint en 2007”, détaille-t-il.

Emissions égales à zéro

Pourtant, pour respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique de la planète à 1,5°C, il faudrait que les émissions mondiales de CO2 baissent d’environ 7,6 % par an d’ici 2030, largement au-dessus de la diminution anticipée pour 2020 par Carbon Brief et le Guardian. Cela signifie que même quand l’économie mondiale est à l’arrêt et la moitié de l’humanité confinée, nous ne sommes toujours pas dans les clous pour lutter efficacement contre le changement climatique. 

“Les concentrations de carbone atmosphérique et les températures mondiales continueront d’augmenter tant que les émissions annuelles ne seront pas égales à zéro. Une baisse de 10 % des émissions mondiales de combustibles fossiles entraînerait encore le rejet de quelque 33 000 MtCO2 dans l’atmosphère en 2020, soit un total plus élevé que toute autre année avant 2010. Toute réduction des émissions en 2020 à elle seule aura donc peu d’impact, à moins qu’elle ne soit suivie de changements plus durables”, confirme Carbon Brief.

Il y a quand même des raisons d’espérer selon Christian de Perthuis. “La crise sanitaire va aussi nous contraindre à expérimenter des modes d’organisation innovants. Le télétravail à grande échelle en constitue une brique majeure. Il va nous faire découvrir les possibilités de réduire de multiples formes de mobilités contraintes, accroissant inutilement nos empreintes climatiques pour de faibles bénéfices économiques. Concernant les marchandises, les acteurs économiques vont être obligés de tester la diversification de leurs sources d’approvisionnement et le raccourcissement de leurs chaînes d’approvisionnement” explique-t-il.

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