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COP27 : LE DIALOGUE SUR LES PERTES ET DOMMAGES POUR LES PAYS DU SUD EST AMORCÉ

COP27 : LE DIALOGUE SUR LES PERTES ET DOMMAGES POUR LES PAYS DU SUD EST AMORCÉ

Les représentants de près de 200 pays sont réunis jusqu’au 16 juin pour la session intermédiaire de Bonn (Allemagne), afin de préparer la COP27 sur le climat qui se tiendra en Égypte à la fin de l’année. Au menu, il y a notamment le premier Dialogue de Glasgow sur les pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables. Un dialogue acté à Glasgow l’an dernier et qui doit se tenir jusqu’en 2024. Les pays du Sud mettent la pression pour qu’un nouveau mécanisme de facilité financière sur les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques soit officiellement lancé à la COP27. 

No more blah blah, loss and damage finance now !” (Plus de bla bla bla, pour un financement des pertes et dommages immédiat). C’est avec ces mots qu’un comité d’accueil, composé de groupes de la société civile, a ouvert la première session du Dialogue de Glasgow, qui s’est tenue mardi 7 juin à Bonn, lors de l’intersession de préparation à la COP27 sur le climat. L’année dernière, en Écosse, les pays vulnérables n’avaient pas réussi à obtenir la création d’un mécanisme de facilité sur le sujet. La proposition, bloquée notamment par l’Union européenne et les États-Unis, avait alors été remplacée par la mise en place d’un dialogue de deux ans.

Celui-ci a donc démarré la semaine dernière avec la tenue de trois sessions de trois heures et une pression continue des pays du Sud. “L’élan impulsé à la COP26 de Glasgow s’est maintenu à Bonn”, se réjouit Fanny Petitbon, de l’ONG Care, présente sur place. “Dès l’ouverture, les petits États insulaires ont mis les points sur les i en expliquant qu’ils avaient accepté ce dialogue à la seule condition qu’il aboutisse dès la COP27 à une facilité financière sur les pertes et dommages. Cela a pris de court les facilitateurs que sont les États-Unis et Singapour, accusés de ne pas avoir assez consulté en amont les différentes parties pour préparer ce dialogue” explique-t-elle.

“Nous sauvons des vies mais mais les personnes qui survivent n’ont plus de maison” 

Les sessions ont été émaillées de témoignages forts des principales victimes du changement climatique. “Au Bangladesh, nous avons de bonnes et de mauvaises nouvelles sur la gestion des pertes et des dommages. Face au cyclone Amphan (qui a frappé le pays en 2020, ndr), nous avons réussi à sauver des vies, mais les personnes qui ont survécu n’avaient plus de maison et avaient perdu leurs moyens de subsistance, ils n’avaient d’autre choix que de migrer“, explique Saleemul Huq, un chercheur bangladais spécialiste des questions climatiques.

“Les efforts pour intensifier les systèmes d’alerte précoce ont contribué à sauver de nombreuses vies mais restent une goutte dans l’océan. Qu’arrive-t-il aux personnes qui survivent aux cyclones mais dont les maisons sont détruites, leurs terres ne pouvant plus être cultivées ? Très souvent, ils n’ont d’autres choix que de partir. Qui les aide à se relocaliser ? Qu’en est-il de la perte de leur patrimoine culturel ? De nombreux pays ont déjà largement dépassé ce stade. Les pertes et dommages ne sont pas de la science-fiction” complète Fanny Petitbon.

Des besoins en hausse de 800 %

Selon un nouveau rapport d’Oxfam, les besoins financiers humanitaires liés à des catastrophes climatiques extrêmes ont augmenté de plus de 800 % ces 20 dernières années. Et ce sont les populations les plus pauvres qui sont les plus touchées. Selon un rapport du Climate Vulnerable Forum, publié à Bonn, le changement climatique a fait perdre 20 % de croissance aux pays les plus exposés d’Afrique, Asie-Pacifique, Amérique latine et Caraïbes depuis l’an 2000, soit 525 milliards de dollars. Et les 10 % les plus exposés d’entre eux ont même vu leur croissance amputée de 50 %, selon cette étude. “Nous subissons ce coût économique alarmant alors même que nous avons le moins contribué au changement climatique“, souligne en introduction à l’étude le ministre des Finances du Ghana, Ken Ofori-Atta.

Pour l’instant, le dialogue de Glasgow se tient en dehors de l’agenda formel des négociations à la COP27, mais la pression est de plus en plus forte pour l’y intégrer. La déception des pays du Sud est très importante bien qu’un tournant ait clairement été opéré sur le sujet, sous l’impulsion notamment de l’Écosse. Il a été le premier pays à débloquer des fonds pour les pertes et dommages, suivi de la Wallonie et de l’Allemagne.

Le Danemark a également récemment signé une tribune avec le Bangladesh pour que le dialogue de Glasgow aboutisse à “quelque chose de concret et de livrable“. Le Canada a déclaré vouloir porter le sujet sur le plan politique. Et le G7 Environnement a souligné en mai dernier l’importance de financer les pertes et dommages. L’Union européenne, présidée par la France, s’est quant à elle faite plus discrète… “Les pays riches bloquant le processus sur les pertes et dommages auront de plus en plus le sang des victimes du changement climatique sur leurs mains” a prévenu Mohamed Adow, directeur du think tank Power Shift Africa.

NVTC