C’est le rendez-vous climatique le plus important depuis la COP21. La COP26 s’est ouverte dimanche, à Glasgow, au Royaume-Uni, jusqu’au 12 novembre. Les dirigeants du monde entier doivent désormais passer des promesses aux actes pour s’inscrire dans la trajectoire fixée par l’Accord de Paris. C’est un moment de vérité qui doit permettre de relancer la dynamique. Mais les chances de succès sont mitigées dans un contexte international tendu, alors que Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui comptent parmi les principaux pays pollueurs au monde, ne se rendront pas en Écosse.
“Si la COP21 de Paris était celle des promesses, la COP26 de Glasgow doit être celle des résultats”, résume parfaitement le Premier ministre canadien, Jonathan Wilkinson. Le sommet qui s’est ouvert dimanche à Glasgow, au Royaume-Uni, est le rendez-vous climatique le plus important depuis la COP21 de 2015 et l’adoption de l’Accord de Paris. Il marque le premier test de crédibilité pour la communauté internationale. Celle-ci s’était en effet engagée à réviser tous les cinq ans son ambition climatique, à travers les fameuses “NDC”, les contributions nationales déterminées.
L’heure du bilan a sonné, retardée d’un an en raison de la pandémie de Covid-19. C’est à Glasgow que va avoir lieu cette première révision. Or, pour l’instant, les objectifs de réduction d’émissions des États nous mettent sur une trajectoire de réchauffement climatique de +2,7°C. Et de nombreux pays, parmi lesquels l’Inde ou la Turquie, manquent encore à l’appel, tandis que d’autres, comme le Brésil, le Mexique et l’Indonésie, ont déposé des NDC égales voire même inférieures aux précédentes.
“À Glasgow, les États vont devoir réaffirmer que l’objectif 1,5°C est toujours d’actualité et combler l’écart entre les annonces et la trajectoire” affirme Aurore Mathieu, du Réseau action climat. “Ce que nous devons obtenir à Glasgow, ce sont des messages des dirigeants qu’ils sont déterminés à conduire cette transformation, à apporter ces changements, à chercher des moyens d’accroître leur ambition” complète Patricia Espinosa, la secrétaire générale de la CCNUCC.
“Contexte de grande méfiance”
Parmi les autres dossiers prévus à la table des négociations, il y a la question des financements climat, l’un des piliers de l’Accord de Paris. L’objectif de 100 milliards de dollars, promis en 2009 par les pays du Nord aux pays du Sud, ne devrait être atteint qu’en 2023, avec trois ans de retard. Et le sujet des pertes et dommages, des financements additionnels prévus en cas de catastrophe naturelle, est au point mort depuis huit ans. “Cette COP s’ouvre dans un contexte de grande méfiance de la part des pays du Sud à l’égard de ceux du Nord sur les enjeux de solidarité”, alerte Sébastien Treyer, directeur exécutif de l’Iddri.
Au menu également, la finalisation du manuel d’application de l’Accord de Paris. Les États doivent adopter un calendrier commun, des règles de reportage uniformisées et transparentes et les modalités du mécanisme d’évaluation. Mais surtout, ils vont devoir trouver un accord sur l’article 6, laissé en suspens à la COP25 de Madrid, faute d’un consensus. Cet article doit définir le fonctionnement des marchés carbone qui permettent aux pays d’échanger des crédits pour atteindre leurs objectifs climatiques, mais qui peuvent avoir l’effet inverse (double comptage…).
“Échouer reste une possibilité mais nous ne pouvons, devons pas, l’accepter”
Au total, il y a 136 points à l’ordre du jour, bon nombre d’entre eux reportés en raison de précédents pourparlers non concluants, et, bien que des négociations virtuelles ont eu lieu en ligne pendant trois semaines ce printemps, aucune décision formelle ne pourra être prise tant que les pays ne se seront pas réunis en personne à Glasgow. “L’énorme défi est qu’en raison du manque de possibilité de se rencontrer en personne, les négociations formelles n’ont pas commencé. Nous avons donc beaucoup de travail à faire et en très peu de temps”, s’inquiète Patricia Espinosa.
Le contexte international actuel n’est pas non plus très propice à un succès à Glasgow, entre les tensions sino-américaines, la crise énergétique et la pandémie de Cavid-19. “Je suis très inquiet, parce que ça peut très mal se passer”, a reconnu le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui accueille le sommet. “Le paysage est lugubre”, concède aussi Stéphane Crouzat, l’ambassadeur français chargé des négociations sur le changement climatique. “Nous pouvons soit sauver notre monde, soit condamner l’humanité à un avenir infernal” a prévenu le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. “Échouer reste une possibilité mais nous ne pouvons, devons pas, l’accepter.“
NVTC
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