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2 456 LOBBYISTES FOSSILES À LA COP28, UNE MARÉE NOIRE RECORD

2 456 LOBBYISTES FOSSILES À LA COP28, UNE MARÉE NOIRE RECORD

C’est le chiffre choc de la COP28. 2 456 lobbyistes fossiles – “au moins” – ont obtenu une accréditation pour participer à ce nouveau sommet pour le climat, qui se tient actuellement à Dubaï. Ce nombre dévoilé par une coalition d’ONGs, Kick Big Polluters Out, montre à quel point l’ombre des lobbies des énergies fossiles plane sur ces pourparlers à l’heure où la question de leur sortie se fait de plus en plus pressante.

636 lobbyistes des énergies fossiles étaient l’an passé à la COP27. Ils sont aujourd’hui “au moins” 2 456 à avoir obtenu une accréditation pour la 28e conférence de l’Onu sur le Climat aux Émirats arabes unies, alors que son président, Sultan al-Jaber, avait promis il y a quelques mois de ne pas faire de ce sommet celui des lobbies pétroliers. Raté puisqu’ils sont cette année deux fois et demie plus nombreux (au prorata du nombre de participants) que l’année dernière.

Pour obtenir ce chiffre, une coalition d’ONG regroupant 450 organisations – dont Global Witness, Greenpeace et Transparency International – s’est appuyée sur la liste provisoire des participants publiée par l’Onu, afin d’identifier “tout individu qui peut raisonnablement avoir pour objectif d’influencer” la COP28 “dans l’intérêt des entreprises fossiles et de leurs actionnaires”. Mais ce nombre pourrait, selon les ONG, être sous-estimé puisqu’il se fonde uniquement sur des données publiques.

Quoiqu’il en soit, force est de constater que ces groupes d’influence surpassent en nombre les délégations de tous les pays, à l’exception de celles du Brésil (3 081) qui doit organiser la COP30 en 2025 et du pays hôte, qui a enregistré 4 409 participants. D’ailleurs, les lobbyistes des énergies fossiles sont aussi plus nombreux que les délégations des 10 pays “les plus vulnérables au changement climatique” (1 509 personnes) et sept fois plus que les représentants des peuples autochtones (316).

L’ombre des fossiles plane sur le COP28

Dans le lot, la France y est bien représentée. Le groupe tricolore TotalÉnergies, contacté par Novethic, confirme que 12 collaborateurs, dont son PDG Patrick Pouyanné, sont sur place. “En tant qu’entreprise du secteur de l’énergie, TotalÉnergies a été invitée à la COP28 par la présidence émiratie, explique l’entreprise, en toute transparence et pour dissiper d’éventuels fantasmes de ‘lobbying pétrolier’ à la COP”.

Aucun de ces collaborateurs n’est toutefois accrédité au nom du groupe. Six sont enregistrés dans la liste de la délégation française et six autres le sont au nom d’associations d’entreprises, telles que l’International emissions trading association (IETA), l’International petroleum industry environmental conservation association (IPIECA), Entreprises pour l’environnement (EPE), Comité21 et Business Europe.

Et lorsqu’on les interroge sur les raisons de leur venue, TotalÉnergies rétorque : “les sujets abordés lors de ces événements sont au cœur de l’ambition de la compagnie et nos experts y assistent pour suivre les échanges et soutenir les actions collectives de progrès qui y sont présentées”“Il va de soi que personne chez TotalÉnergies ne participe de quelque manière que ce soit aux négociations entre les États, ni n’a accès aux espaces de négociations”, tient à préciser le groupe.

Un texte final très attendu par les ONG

Le cas français n’est pas unique. Selon Kick Big Polluters Out, de nombreux pays ont intégré dans leur délégation des représentants des compagnies pétrolières ou gazières nationales. L’Italie a ainsi permis la venue des cadres d’ENI, et l’Union européenne, celle des employés de BP, ENI et d’ExxonMobil. “Cette augmentation coïncide avec une conférence des parties où les combustibles fossiles et leur élimination progressive sont au centre des débats”, analyse la coalition.

Pour Rachel Rose Jackson, directrice de recherche chez Corporate Accountability, “si la Cop28 ne parvient pas à éliminer progressivement les combustibles fossiles, nous savons à qui la faute. Nous sommes en colère et nous n’avons plus besoin d’expliquer encore et encore pourquoi l’industrie des énergies fossiles ne devrait pas rédiger les règles climatiques.” 

Même son de cloche chez Greenpeace France. “Alors que les énergies fossiles devaient être le sujet de discussion, nous les retrouvons là autour de la table des négociations”, explique à Novethic Sarah Roussel, chargée de campagne sur le Climat, au risque de les affaiblir. 

NVTC