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195 “BOMBES À CARBONE” SONT EN PROJET DANS LE MONDE, FAISANT VOLER EN ÉCLATS NOS OBJECTIFS CLIMATIQUES

195 “BOMBES À CARBONE” SONT EN PROJET DANS LE MONDE, FAISANT VOLER EN ÉCLATS NOS OBJECTIFS CLIMATIQUES

Une vaste enquête du Guardian révèle que les majors pétrolières et gazières sont en train de développer 195 “bombes à carbone” qui feraient voler en éclats nos objectifs climatiques. Dans le même temps, le think tank Carbon Tracker a passé au crible les politiques climatiques des 15 plus grandes majors pétrolières et gazières. Sans surprise, très peu d’entre elles ont des politiques suffisamment ambitieuses pour atteindre la neutralité carbone et respecter le seuil de 1,5°C de réchauffement. 

Dans une longue enquête de cinq mois, publiée le 11 mai et menée auprès de divers groupes de réflexion, d’analystes et d’universitaires du monde entier, le quotidien britannique The Guardian a comptabilisé 195 “bombes à carbone”, des méga projets pétroliers et gaziers qui vont émettre chacun plus d’un milliard de tonnes de CO2 sur l’ensemble de leur cycle de vie. Ils représentent à eux seuls 646 gigatonnes de CO2. De quoi exploser le budget carbone pour rester sous 1,5°C de réchauffement.

Parmi ces 195 bombes à carbone, The Guardian note que la pire concerne d’immenses champs gaziers situés dans le nord du Qatar (projet “North Field”), pays vers lequel l’Union européenne se tourne pour se sevrer du gaz russe. Un gigantesque projet de gazoduc offshore au Mozambique, dans la province du Cabo Delgado, est également pointé du doigt. Le Français TotalEnergies y est notamment impliqué mais ce sont l’ensemble des grosses majors pétrolières et gazières qui sont visées.

Les majors américaines en queue de peloton

Le secteur des énergies fossiles est le principal émetteur de gaz à effet de serre, contribuant au changement climatique. Et pourtant, à l’instar de nombreux États, si les principales majors pétrolières et gazières ont pris des engagements de neutralité carbone d’ici la moitié du siècle, elles n’ont pas adopté d’objectifs crédibles à 2030 pour se placer sur une trajectoire climatique ambitieuse permettant de limiter le réchauffement à 1,5°C. C’est aussi le constat que dresse le think tank Carbon Tracker, dans une note publiée le 12 mai. L’organisme a analysé les quinze plus grandes sociétés cotées en Bourse et dresse un classement de ces entreprises.

L’Italien Eni reste en tête, devant l’Espagnol Repsol, le Français Total et le Britannique BP. Ce quatuor de tête européen est distingué pour ses engagements de réduction des émissions en valeur absolue. Un second bloc moins ambitieux, constitué de Chevron, Shell, Equinor et Occidental, regroupe les engagements visant la réduction de l’intensité des émissions des produits énergétiques, laissant ouverte la possibilité d’augmenter la production de combustibles fossiles. Enfin, en queue de peloton, se trouvent les entreprises nord-américaines telles que ExxonMobil, ConocoPhillips, ou Suncor avec des politiques très faibles qui ne prennent pas en compte le Scope 3 (l’utilisation finale), le plus important.

Des technologies coûteuses et non éprouvées

Carbon Tracker identifie trois approches privilégiées par les entreprises pour atteindre la neutralité carbone : les technologies d’élimination du carbone, la vente d’actifs plutôt que leur liquidation et l’achat de compensations. TotalEnergies répertorie par exemple une forêt de 13 500 kilomètres carrés au Pérou pour compenser plus de 15 millions de tonnes (Mt) de CO2 sur dix ans, mais elle ne plante pas de nouveaux arbres. Eni prévoit de construire des usines qui capteront et stockeront chacune dix Mt de CO2 par an d’ici 2030, “mais celles-ci proviendront de processus industriels et ne réduiront pas les émissions de ses propres produits” note le think tank.

De son côté, ConocoPhillips prévoit de capturer du CO2 et de le réinjecter dans des réservoirs pour extraire plus de pétrole. “Bien que cela puisse réduire l’intensité des émissions de ses opérations, cela entraînera probablement une production et une combustion accrues de pétrole” préviennent les auteurs. Occidental encore dépense environ un milliard de dollars pour construire la première usine à grande échelle aux États-Unis pour capturer le carbone directement dans l’air et ainsi séquestrer 1 Mt par an … soit 0,4 % des émissions totales des actifs qu’il exploite en 2021.

“Les sociétés pétrolières et gazières parient sur des technologies d’atténuation des émissions qui pour la plupart en sont encore à un stade précoce de développement, tandis que les solutions impliquant la plantation d’arbres nécessitent de vastes superficies de terrain” déplore Maeve O’Connor, analyste de Carbon Tracker et auteur du rapport. “C’est un pari sur des technologies qui posent un énorme risque à la fois pour les investisseurs et le climat” ajoute-t-il.

NVTC